L’Office de Protection du Citoyen (OPC) a fait l’état des lieux des centres de détention et des commissariats dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Dans son rapport, l’OPC dit constater une qualité de vie énormément dégradée et très alarmante dans les différents centres carcéraux de Port-au-Prince.
Suite à des visites effectuées au CERMICOL, à la DCPJ, au Commissariat de Pétion-Ville, au Commissariat de Delmas 3 et au Sous-Commissariat de Canapé-vert, l’OPC a fait la description de la réalité constatée dans ces cinq (5) espaces respectivement de rééducation et de rétention. L’institution dirigée par Me Jean Wilner Morin révèle que seuls les dix-sept Colombiens impliqués dans l’assassinat de l’ex-président Jovenel MOISE sont incarcérés aux ordres du cabinet d’instruction, les autres sont en rétention ou détention illégale.
« La condition de vie des retenus et détenus au Commissariat de Pétion-Ville est extrêmement précaire. L’espace n’est nullement accommodant pour une telle situation eu égard au nombre de retenus/détenus qui s’y trouvent. La logistique est totalement défaillante. Les conditions sanitaires sont exécrables, voire dégradantes », a déploré l’OPC.
Le respect de la dignité humaine, qui généralement est le principe selon lequel une personne ne doit jamais être traitée comme un objet ou comme un moyen, mais comme un être intrinsèque, selon la définition d’Emmanuel Kant, est loin d’être une réalité dans les centres carcéraux de l’aire métropolitaine.
Les observations réalisées dans les cinq (5) sites révèlent que les intérêts supérieurs des mineures privés.es de liberté ne sont pas pris en compte. Aucune des règles des Nations unies pour la protection des mineurs/es en conflits avec la loi privés/es de liberté n’est respectée dans ces conditions. Actuellement, dans la zone métropolitaine, les mineurs/es ne sont pas privés de liberté au moyen d’une décision judiciaire en raison du non-fonctionnement du Tribunal pour Enfant depuis environ trois (3) ans. Ainsi, les mineurs/es sont gardés/es en détention préventive illégale, a précisé l’OPC.
L’OPC rapporte que les institutions travaillant dans la prévention de la délinquance juvénile ou de la protection des enfants sont aussi absentes que la justice pour les mineurs.es, dans la zone métropolitaine. De ce fait, il croit impérieux que ces institutions soient interpellées afin qu’elles puissent intervenir pour trouver une solution à la détention illégale des mineurs/es.
En effet, l’Office de Protection du Citoyen (OPC) en a profité en fonction des observations liées au non-respect de la constitution haïtienne pour séparer les mineurs des majeurs le plus rapidement possible. La réouverture du tribunal pour enfants en nommant des juges et en lui attribuant un siège provisoire en attendant la récupération de son siège situé à la rue Pétion.
Sur le plan juridique, l’OPC recommande de lancer une campagne de sensibilisation des juges au respect des délais de la procédure pénale et des commissaires au principe que la prison est l’exception et la liberté la règle. Solliciter du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique la sanction de tous les commissaires qui, en connivence avec des avocats, procèdent à l’arrestation des citoyens pour dette sous le fallacieux prétexte d’abus de confiance, entre autres.
Wallace Elie
Photo : AP