On ne sait ni l’heure ni le jour, mais de toute évidence, la capitale haïtienne peut être contrôlée totalement par des gangs armés si rien n’est fait. À l’instar de sacs de friperie qu’on empile et transporte à la hâte, les quartiers, réputés pour leur calme autrefois, se vident un par un avant l’arrivée des assaillants.
Chaque crépitement d’armes de gros calibres paralyse une journée ou une nuit. Chaque citoyen arrange son sac pour une nouvelle destination. S’il faut courir, il ne reste que 15 % de la capitale pour le faire, bien que certaines zones se protègent avec des barricades. Après, le reste appartient aux groupes criminels qui transforment Port-au-Prince en caciquats.
Qui d’entre nous fera la une d’un journal de la place comme le nouvel assassiné ? Qui d’entre nous partira tout indigné en laissant derrière lui son pays, son rêve, sa famille ? Qui d’entre nous assistera à la chute totale de Port-au-Prince comme la ville de Kaboul ?
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La décimation de Port-au-Prince se poursuit sous les yeux des autorités. Incrédules ou inutiles. La ville, du nord au sud, de l’Est à Ouest, est sous le contrôle presque total des criminels. Circuler dans la capitale haïtienne est un acte héroïque pour les « paisibles citoyens » ; l’habiter l’est encore plus.
Si la capitale haïtienne tombe totalement dans les jours qui viennent, qu’est-ce qui pourra arriver avec l’exécutif retranche à Musseau, dans les hauteurs de Bourdon ? Si la capitale tombe, quelle serait alors la nouvelle donne du pouvoir politique ? Une telle chute marquerait l’ouverture d’une nouvelle page dans l’histoire du pays.
Wilder Sylvain