L’organisation humanitaire et de développement de l’Eglise catholique Caritas Internationalis a tenu une conférence en ligne le 28 mai 2025, dans le cadre de sa campagne mondiale « Transformer la dette en espoir « . L’initiative a été lancée depuis janvier 2025, à l’occasion du jubilé et du 10e anniversaire de l’encyclique Laudato si’ du Pape François, alerte sur l’urgence de s’attaquer au fardeau écrasant de la dette qui pèse sur les pays les plus pauvres.
Selon le Vatican News, un chiffre frappant a été rappelé : 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent davantage pour rembourser les intérêts de leur dette que pour financer l’éducation, la santé ou l’adaptation au changement climatique.
Le monseigneur Gabriel Caccia, observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU, a déclaré que » c’est avant tout un échec moral », qui maintient des millions de personnes dans un cycle de pauvreté, tout en se demandant quel type de système international voulons-nous.
“Un système qui protège les intérêts de quelques-uns ou un système au service de la dignité de tous ? “
À cet effet, le secrétaire général de la Caritas Alistair Dutton, a souligné d’éliminer les dettes en déclarant que « Si nous voulons vraiment un chemin de paix, il nous faut supprimer les causes de l’injustice, particulièrement l’injustice des dettes impayables ».
Quant à la sœur Alessandra Smerilli, la secrétaire du dicastère pour le Service du développement humain intégral, a lié la crise financière à celle de l’environnement, évoquant une « double injustice » subie par les pays du Sud : » Les pays les plus pauvres paient le double » , selon elle ils subissent de plein fouet les conséquences dévastatrices de l’exploitation de la planète par les pays les plus riches.
Le président de la conférence épiscopale du Brésil, le cardinal Jaime Spengler, a appelé à une église porteuse d’espoir. Il a considéré l’annulation de la dette non pas comme un acte de charité, mais comme un geste de justice, tout en citant Aristote » l’espérance est le rêve d’un homme éveillé « . Il a également mentionné des initiatives locales au Brésil en préparation de la COP 30, puis il a conclu pour dire que » Pour vivre dans le futur et le présent, il faut ouvrir de nouveaux chemins ».
Par ailleurs la seconde partie de la conférence s’est concentrée sur les aspects économiques de la crise. Le professeur d’économie à Columbia Martin Guzman a mis en garde contre une situation qui continue de se détériorer « La situation empire d’années en années », a-t-il alerté. Tandis que Lucy Esipila, secrétaire exécutive de Caritas Africa, a témoigné des conséquences concrètes des enfants contraints d’abandonner leurs rêves , elle déplore que » Le manque de services publics pousse à la pauvreté, et les pays ne peuvent pas investir en raison du poids de la dette ».
La campagne de Caritas Internationalis se poursuit toute au long de l’année. Les responsables invitent chacun à s’impliquer en signant une pétition mondiale en ligne ou en sensibilisant autour de soi sur le dramatique problème des dettes financières pour le développement des pays les plus pauvres.
À titre de rappel, la France a une lourde dette envers Haïti, pour l’avoir contrainte, en 1825, à payer une indemnité en échange de la reconnaissance de son indépendance. À l’occasion du bicentenaire de cette reconnaissance, le président français Emmanuel Macron, conscient de cette injustice historique, avait annoncé la création d’une commission franco-haïtienne d’historiens chargée de travailler sur cette « très lourde indemnité financière ».