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Haïti : plus de 50 détenus morts en prison en seulement trois mois, selon l’ONU


Plus d’une cinquantaine de détenus sont morts dans des prisons haïtiennes entre juillet et septembre 2025, selon un rapport des Nations unies publié ce 11 novembre 2025, qui décrit des conditions de détention « inhumaines et dégradantes ». Et la majorité des décès seraient liés à un manque de soins médicaux, à la malnutrition, à l’instabilité des cellules et à un accès insuffisant à l’eau potable.

Haïti traverse une grave crise humanitaire et sécuritaire, marquée par la violence des gangs, l’effondrement des institutions et une pauvreté persistante. Dans ce contexte, les prisons du pays sont particulièrement touchées : plus de 7 200 détenus, hommes, femmes et enfants, sont actuellement incarcérés dans des établissements qui dépassent souvent trois fois leur capacité d’accueil, selon le rapport de l’ONU.

L’ONU souligne que 82 % des prisonniers haïtiens sont en détention préventive, sans avoir encore comparu devant un tribunal.  Un détenu a confié à l’expert onusien Williams O’Neill qu’il attendait depuis deux ans la date de son procès pour le vol présumé de deux paires de chaussures.

« Les conditions sont carrément subhumaines. Il n’y a pas assez de nourriture, ni de soins médicaux. Les prisonniers sont gardés dans des cellules pendant de nombreuses heures par jour, avec très peu de temps à l’air libre, très peu d’air, de lumière, ou d’accès à l’eau, aux toilettes et aux douches », a déclaré William O’Neill, expert désigné des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti. Selon lui, 52 personnes sont mortes en trois mois, victimes de maladies évitables aggravées par la malnutrition et le manque d’eau.

La surpopulation carcérale est également liée à la paralysie du système judiciaire, qui a été paralysé par la violence des gangs. Selon l’ONU, ces derniers contrôlent environ 90 % de Port-au-Prince. En mars 2024, les attaques menées contre les prisons du pénitencier national et de Croix-des-Bouquets ont entraîné l’évasion de 4 600 détenus, dont plusieurs chefs de gangs notoires.

Face à cette situation, l’ONU, par l’intermédiaire du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) et du bureau des droits de l’homme, soutient plusieurs initiatives de réforme. Il s’agit notamment d’organiser des audiences dans les prisons afin de réduire la détention provisoire, de former les juges, les procureurs et les agents pénitentiaires, et de réhabiliter les centres de détention en installant des points d’eau, des latrines et des systèmes de ventilation.

Cependant, la responsabilité de réformer le système pénitentiaire incombe au ministère de la Justice haïtienne, a rappelé O’Neill.

« L’ONU peut soutenir les autorités en fournissant une expertise et des ressources, mais aussi en exigeant des résultats. Nous n’allons pas simplement continuer à fournir des formations et de l’équipement. Il faut des résultats, et des résultats durables », a-t-il insisté.

Photo : OHCHR/Marion Mondain


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