Odelyn Joseph, un nom qui résonne loin quand on évoque l’activité photographique en Haïti. Intéressé par ce métier à partir de 2016, le natif de Delmas a fait ses débuts dans la capture des moments forts des mariages, et depuis tantôt 5 ans, il excelle en tant que photojournaliste rapportant les nouvelles locales au monde entier.
« La photographie symbolise ma façon de vivre. C’est mon adorable métier, ma passion, qui devient mon passe-temps. En dépit des contraintes sur le terrain, j’ai trouvé mon aisance qu’en circulant avec ma caméra pour capturer les grands moments du quotidien haïtien », nous scande le père de famille de 32 ans.
Scellé aujourd’hui par de nombreuses distinctions internationales, l’ancien étudiant de CEPEC nous raconte qu’au début même ses proches se fracassaient la tête pour comprendre son revirement dans le monde de la photographie alors qu’il souhaitait devenir avocat. « À l’époque, on voyait la photographie comme un métier de bas étage. J’ai dû faire face à de nombreux soucis, trouver les moyens nécessaires pour acheter une caméra m’était presque impossible », a-t-il lancé. J’étais obligé de sortir chaque matin avec des professionnels en maçonnerie, plomberie, électricité, entre autres, afin de gagner à petit feu de quoi me procurer des matériels.
Après de bons moments à exercer la photographie de mariage et de studio, celui qui a grandi à Canapé-Vert fait a rencontré le photojournaliste renommé Dieu-Nalio Chery, l’un de ses mentors, lors d’un atelier. « J’ai débuté comme son assistant, avant de le remplacer suite à son départ du pays », lâche-t-il tout en affirmant sa reconnaissance envers ce dernier.
Parlant de réussite, l’ancien du lycée Jean-Jacques Dessalines se vante avec modestie. « Au premier plan, je voulais juste être utile derrière ma caméra, permettant aux gens de sourire, d’espérer et, pourquoi pas, de contribuer au changement de mon pays. En ce sens, je suis sur la bonne voie du fait qu’aujourd’hui mes travaux atteignent des endroits même inattendus », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il lui reste beaucoup à faire compte tenu de ses multiples rêves, notamment participer à l’implantation en Haïti d’une école spécialisée en photographie.
Solide comme un roc
Malgré vents et marées, le cinéaste se tient derrière son collimateur pour capter les sujets impressionnants. Cette motivation ne découle pas du hasard.
« L’une de mes premières motivations est née de mon envie de contribuer à la vie quotidienne et d’être utile à la société. L’importance et l’impact de mes réalisations en disent beaucoup », a déclaré le collaborateur de AP (Associated Press).
Les appréciations que reçoivent mes travaux constituent l’une de mes doses de motivation, malgré que certaines personnes ont du mal à cerner l’essence des reportages des photojournalistes et nous décrivent même d’anti-nationalistes.
« L’une des expériences qui a le plus impacté ma vie est l’initiation du phénomène «Bwa Kale » à Canapé-Vert en 2023. C’était pas facile d’assister à l’exécution d’autant de jeunes pleins de vie, qui pourraient aider le pays dans d’autres circonstances. Mais, consolidé par l’idée de vendre d’autres voies à la jeunesse et sensible pour ma relation avec Haïti, je suis là, solide comme un roc derrière mon objectif », explique-t-il.
En guise de perspectives, Odelyn, engagé déjà comme formateur, chérit l’idée de mettre sur pied des structures destinées à encadrer des jeunes désirant s’immiscer dans le monde de la photographie.
En plus, le collaborateur de KitMédias indique qu’il compte se peaufiner le plus possible, aller à la recherche des grands prix internationaux comme Pulitzer et Robert Capart. « L’objectif pour les prochaines années à venir est de travailler mieux, toucher plus de monde, réaliser des reportages spéciaux sur le pays, surtout sur le plan social pour décrire des réalités quotidiennes, les modes de vie dans les zones reculées », insiste-t-il tout en espérant que le terrain lui soit propice en raison de la situation sécuritaire.
Une carrière hors de la photographie est peu probable aux yeux d’Odelyn, qui, toutefois, nourrit l’idée de se former en communication, cinéma et gestion d’entreprise, sans pour autant abandonner la photographie.
Gratitude et conseils
Odelyn Joseph a profité de notre échange pour exprimer sa gratitude envers ceux et celles qui ont contribué à faire de lui la personne qu’il est aujourd’hui.
En premier lieu, il a remercié l’Église de la Prophétie de Turgeau, son lieu de culte contribuable à son parcours, surtout son ancienne présidente de jeunesse Johanne Devilien. Puis, Dieu-Nalio Chery, son coach et modèle, d’autres confrères et amis, dont Richard Pierrin, Steven Aristil, Ralph Teddy Erol, sans oublier son autre moitié.
Le formateur n’a pas raté l’occasion pour s’adresser à la jeunesse. « Je conseille aux jeunes de se former, d’aller à la rencontre des gens qui se différencient, de trouver de bonnes orientations, de respecter les aînés, de s’inspirer des tutoriels de YouTube, de rester motivés… », son message à la nouvelle génération.
Odelyn Joseph est charmé par la photographie de guerre. Il est membre de KIT. Le travailleur de AP a déjà reçu plusieurs prix dans sa carrière, dont deux au concours Atlanta Photojournalism Seminar 2024, deuxième de la catégorie Actualité générale et Chris Hondros Memorial International News.