Près d’un mois après que le redoutable chef de gang Jimmy Chérizier, alias Barbecue, a appelé les habitants de plusieurs quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince à regagner leurs maisons, le Réseau national de Défense des Droits humains invite les citoyens à jouer la carte de vigilance et d’intelligence face à cette manœuvre.
Entre 2019 et 2025, plus de 19 appels au retour des populations ont été lancés par des gangs armés et des « accords de paix » ont été signés entre gangs rivaux dans plusieurs quartiers populaires d’Haïti. Cependant, selon le Réseau National de Défense des Droits Humains, ces messages n’étaient que de la poudre aux yeux. Les criminels, eux-mêmes, se livrent bataille, au lendemain, et attaquent les habitants qu’ils avaient invités à retourner chez eux.
« Ces appels, pour la majorité, ont fait suite à des accords de paix trouvés entre les gangs rivaux », écrit le RNDDH, soulignant que ces prétendus accords n’ont duré que quelques mois, voire quelques jours, et que la véritable victime reste la population civile.
Pour preuve, le réseau a souligné le dernier massacre à Laboderie, Cabaret, la semaine dernière,e ayant fait près d’une cinquantaine de morts. Ces tueries de masse surviennent dans un contexte où l’autoproclamé porte-parole et président de la coalition criminelle « Viv Ansanm », Barbecue, invite des habitants, entre autres, de Delmas 30, Delmas 24, Nazon et Solino à retourner chez eux.
Jimmy « Barbecue » Chérizier est un ancien agent de la Police nationale d’Haïti reconverti en chef de guerre depuis près de cinq ans. Il est sanctionné par les Nations unies et recherché par le FBI et la Direction centrale de la police judiciaire pour ses actions criminelles. Son groupe, « Viv Ansanm », est qualifié et classé comme « organisation terroriste étrangère et internationale » par les États-Unis en juillet 2025.
Le réseau rejette d’un revers de main ce que les gangs appellent les accords de paix et invite la population à la vigilance. Pour le RNDDH, ces accords constituent des trêves sporadiques, souvent limitées à un quartier ou à un poste de péage, négociées à la hâte en fonction d’intérêts économiques immédiats et mesquins, au détriment de la population.
L’organisme de défense des droits humains, dans un rapport, demande aux autorités concernées, entre autres, de démanteler les gangs armés, de les poursuivre, quels qu’ils soient, pour les nombreux crimes perpétrés contre la population, et d’indemniser les survivants et victimes des atrocités commises par les bandits armés depuis 2018.
Le RNDDH note aussi que, en dépit de l’intensification des attaques criminelles dans les départements de l’Ouest et l’Artibonite, la Direction Centrale de la Police Judicaire (DCPJ) blanchit certaines personnalités liées à la grande criminalité en Haïti. Soulignons que d’anciens cadres de l’État et des journalistes sont régulièrement pointés du doigt pour leur connivence et affiliation à ces bandes criminelles en Haïti.