Construction du canal sur la rivière Massacre : Abinader menace d’affronter des Haïtiens “incontrôlables”

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Le président de la République dominicaine, Luis Abinader, a pris la parole ce dimanche 17 septembre dans une allocution nationale, moins de 48 heures après la fermeture de la frontière. Il a averti qu’il était prêt à faire face à des citoyens haïtiens qu’il qualifie d'”incontrôlables”. Ce, à cause du projet de la construction du canal sur la rivière massacre.

Dans son message à la nation dominicaine, détaillé par le journal Listin Diario, le chef de l’État a assuré à la population que la situation à la frontière était sous contrôle. “La population peut être rassurée, car il n’y a aucune menace pour le déroulement de ses activités quotidiennes sur l’ensemble du territoire. La paix et la sécurité en République dominicaine sont garanties”, a-t-il déclaré. Il a cependant prévenu que si certaines choses sont incontrôlables en Haïti, elles ne le sont pas pour les intérêts du gouvernement dominicain.

Pour illustrer les tensions entre les deux États, le président dominicain est revenu sur le début de la construction du canal par des citoyens haïtiens en août 2018, selon Abinader. Ce projet avait pour double objectif d’irriguer de grandes plantations et de vendre de l’eau aux petits producteurs.

Selon le président, cette construction illégale s’est accélérée à partir d’avril 2021. En mai de la même année, lors d’une réunion de la Commission mixte bilatérale, il a demandé, par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, l’arrêt immédiat du canal.

Après l’assassinat du président Jovenel Moïse, Luis Abinader a indiqué que des Haïtiens qu’il qualifie d'”agents provocateurs” ont repris la construction du canal sur la rivière Massacre. Selon lui, cela pourrait entraîner une escalade de constructions qui détruiraient le fleuve.

En conséquence, Luis Abinader a menacé d’agir en légitime défense contre les Haïtiens en raison de cette construction. “Face à cette situation grave, qui dépasse les limites même du pays voisin, affectant directement nos intérêts et nos droits légitimes, nous avons compris la nécessité de donner une réponse forte en légitime défense contre les groupes incontrôlables qui n’obéissent pas à l’ordre. Ils ne reconnaissent pas non plus les accords bilatéraux qui régissent les relations frontalières entre les deux nations”, a-t-il affirmé.

Le président dominicain a déclaré que la solution au problème ne se trouve plus en Haïti, mais entre les mains de la communauté internationale, à laquelle il a demandé à plusieurs reprises de venir en aide à Haïti. Il a rappelé avoir évoqué la crise haïtienne devant l’assemblée générale de l’ONU en 2021.

Luis Abinader a soutenu avoir pris ces mesures pour empêcher la construction du canal tout en protégeant les intérêts de la République dominicaine. “En signe de notre ferme détermination à l’empêcher, nous avons suspendu la délivrance des visas, interdit aux promoteurs de projets d’entrer dans le pays, fermé les frontières terrestres, aériennes et maritimes, demandé la réactivation de la prise d’eau Vigía, ordonné la construction du barrage Don Miguel et renforcé la présence militaire le long de la frontière”, a-t-il précisé, ajoutant que ces mesures resteraient en vigueur jusqu’à l’arrêt définitif du canal en construction.

Toutefois, M. Abinader a tenu à souligner qu’il ne cherchait ni ne souhaitait la confrontation avec Haïti. Il faisait face à “des personnes incontrôlables qui entretiennent l’insécurité en Haïti et qui, en raison de leurs intérêts privés, conspiraient désormais également contre la stabilité de leur gouvernement et la sécurité de nos ressources en eau”.

À noter que des troupes militaires sont déployées le long de la frontière avec leur arsenal de guerre, tandis que des agents du BSAP se positionnent, alors que le peuple haïtien est plus que motivé pour la construction du canal, considéré comme crucial pour les paysans. “Soit le canal ou la mort”, déclarent-ils.

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