
Le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Edgar Leblanc Fils, a ramené sur la table de discussion les torts causés à Haïti. Lors de son intervention à la 79e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies ce jeudi 26 septembre, M. Leblanc Fils a exigé de la France la restitution de la dette de l’indépendance, rappelant qu’Haïti est « victime d’une injustice historique. »
L’histoire est écrite noir sur blanc : après avoir vaincu l’armée napoléonienne à Vertières et proclamé son indépendance en 1804, Haïti a dû payer à la France 90 millions de francs-or, soit l’équivalent de 21,7 milliards de dollars, pour que la France reconnaisse cette indépendance, arrachée à son joug colonial.
Le président du CPT a rappelé au monde entier cette page d’histoire d’Haïti, qui a marqué l’humanité.
« En 1825, à peine 21 ans après avoir gagné sa liberté au prix d’une lutte héroïque, Haïti a été contrainte de payer une dette colossale à la France, pays colonisateur, en échange de la reconnaissance de son indépendance. Cette rançon, imposée sous la menace, a siphonné les ressources de la jeune nation, la plongeant dans un cycle infernal de pauvreté dont elle peine toujours à sortir », a-t-il expliqué.
Cette dette, a-t-il poursuivi, a été une forme de punition infligée à Haïti pour son audace à se libérer des chaînes de l’esclavage et à élever l’Haïtien à la dignité humaine. Elle a constitué une pénalité injuste qui a asphyxié le potentiel économique et social du peuple haïtien pendant des générations.
Sur la tribune des Nations Unies, le président Edgar Leblanc Fils a tenu à rappeler que Haïti est le seul pays à avoir payé pour son indépendance, obtenue pourtant dans le feu et le sang.
« À la veille du bicentenaire de cet événement unique dans l’histoire du monde, n’est-il pas temps de restituer les montants extorqués ? » s’est-il interrogé.
Le président du CPT a souligné que Haïti se félicite des propositions formulées par certains gouvernements et agences des Nations Unies pour des actions concrètes visant à reconnaître, réparer et restituer les torts du passé.
Depuis la tribune, il a affirmé que la démarche de restitution de cette dette est résolument engagée, structurée et bien documentée.
« Nous demandons la reconnaissance d’une dette morale et historique, ainsi que la mise en œuvre de réparations justes et appropriées qui permettront à notre peuple de se libérer des chaînes invisibles de ce passé injuste », a-t-il déclaré. Il a ajouté que le Comité National de Restitution et de Réparation, en collaboration avec la Commission des Réparations de la CARICOM, a déjà entamé des travaux exhaustifs sur ce sujet.
Jusqu’à quand cette dette restera-t-elle impayée ? M. Leblanc Fils n’est pas le premier à l’exiger. En avril 2003, le président d’alors, Jean-Bertrand Aristide, avait réclamé cette restitution. Lors de sa visite officielle en Haïti le 12 mai 2015, le président français de l’époque a évoqué une « dette morale », sans aller plus loin.