Le blocage au Terminal Varreux, l’un des principaux ports du pays, est plus profond qu’il n’y paraît. Selon un article du Miami Herald, une aide de 60 millions de dollars de l’Union européenne, destinée à faire face à l’aggravation de la crise politique, sécuritaire et humanitaire, est sur le point de connaître un retard, voire une suspension, alors qu’elle est pourtant indispensable.
Ce risque majeur pour le pays est dû à des retards administratifs des autorités haïtiennes, qui pourraient compromettre cet investissement de 60 millions de dollars. Un diplomate, qui n’était pas autorisé à s’exprimer publiquement, a confié au Miami Herald que l’UE exerce des pressions, exprimant ses inquiétudes concernant le manque de concurrence dans les ports haïtiens et les restrictions liées à l’acceptation des conteneurs à Port-au-Prince.
« Cette décision fait suite à de multiples tentatives menées au fil des années par les ambassadeurs français et européens pour obtenir du gouvernement haïtien l’autorisation pour les agents des douanes de dédouaner les conteneurs au terminal privé de Varreux. »
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Des diplomates et des investisseurs expriment leur inquiétude face au blocage du projet de modernisation du terminal de carburant en Haïti, soutenu par l’Agence française de développement et l’entreprise Africa Global Logistics (AGL). Malgré un investissement de plus de 60 millions de dollars, AGL attend toujours l’autorisation du gouvernement haïtien pour opérer, notamment pour permettre le dédouanement des conteneurs, ce qui retarde la mise en service du terminal à conteneurs, inactif depuis plusieurs années.
Un représentant d’AGL dénonce une tentative de certains acteurs publics et privés de maintenir un monopole portuaire, freinant le développement économique du pays. L’ancien Premier ministre Jean-Max Bellerive, à l’origine d’une étude recommandant des investissements portuaires massifs après le séisme de 2010, souligne qu’un manque de concurrence dans ce secteur nuit à l’économie haïtienne et alourdit le coût de la vie pour la population.
« Le secteur portuaire bénéficierait d’une concurrence accrue, et non d’une concurrence réduite. L’économie haïtienne, en développement, est fortement dépendante des importations ; par conséquent, toute inefficacité dans la logistique portuaire et le transport maritime pénalise le prix des produits de première nécessité et, en fin de compte, renchérit le coût de la vie pour les Haïtiens ordinaires », avait déclaré Bellerive, qui a travaillé comme consultant pour Varreux.
Des représentants du gouvernement haïtien et des concurrents contestent l’autorisation accordée à Terminal Varreux pour construire un port à conteneurs. Pourtant, un document de 2017 confirme que l’Autorité portuaire nationale avait bien délivré cette autorisation, permettant à Varreux d’obtenir des financements internationaux auprès de Citibank et Proparco. L’ancien Premier ministre Jean-Max Bellerive défend la légitimité de cette démarche, affirmant que les permis sont valides et que leur remise en question actuelle est infondée et malhonnête.
