Le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance, tire la sonnette d’alarme après l’adoption de deux décrets controversés par le Conseil des ministres, le 18 décembre 2025. Il s’agit, selon lui, de manœuvres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du Gouvernement pour garantir leur impunité à l’approche de la fin de leur mandat, prévue le 7 février 2026.
Les deux textes visés concernent d’une part la diffamation et la liberté d’expression, et d’autre part l’organisation et le fonctionnement de la Haute Cour de Justice. Pierre Espérance les qualifie d’« anticonstitutionnels », estimant qu’ils visent à museler la population et à entraver toute tentative de reddition de comptes.
Pour le défenseur des droits humains, le décret sur la diffamation constitue une attaque directe contre les libertés fondamentales. « Ils veulent confisquer la liberté d’expression que le peuple haïtien a conquise au prix du sang. Aucun apprenti dictateur ne nous en privera », a-t-il martelé.
Le second décret, relatif à la Haute Cour de Justice, limiterait drastiquement les capacités d’action de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) et de l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF).
Désormais, selon les dispositions, toute poursuite pour corruption devrait être préalablement validée par les ministères de la Justice ou des Finances, puis entérinée en Conseil des ministres, ce qui, selon Espérance, équivaut à un mécanisme de verrouillage de la justice.
Il rappelle que trois membres du CPT ont déjà été inculpés en décembre dans une affaire liée à la Banque Nationale de Crédit (BNC), ce qui, selon lui, rend ces décrets encore plus scandaleux.
Pierre Espérance affirme qu’il n’entend pas rester les bras croisés et promet d’entreprendre toutes les démarches nécessaires pour empêcher l’application de ces mesures. Il exige que le CPT et le Gouvernement répondent de leurs actes, assurant qu’aucun responsable ne doit bénéficier d’une protection injustifiée.
