Trafics d’armes et de munitions : le RNDDH met en garde les autorités judiciaires

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Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) appelle les autorités judiciaires, notamment les magistrats, à se pencher avec célérité sur tous les dossiers relatifs aux trafics d’armes et de munitions, dont le dossier impliquant trois (3) employés de l’Office national d’assurances vieillesse (ONA), un agent de la Police nationale d’Haïti (PNH) et un (1) employé de l’Office d’assurance accidents du travail, maladie et maternité (OFATMA) affirme-t-il dans un rapport daté du mercredi 15 mars 2023.

Selon l’organisme de droits humains, dans le registre du Tribunal de Première instance en charge du dossier depuis le 1er juin 2022, il n’est fait aucune mention de trafic d’armes et de munitions contrairement à ce qui est indiqué dans le rapport de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).

“Ce qui allège considérablement le dossier… et implique leur traduction par-devant un tribunal correctionnel en lieu et place d’un tribunal criminel et leur remise en liberté” , alors que le substitut commissaire du gouvernement Me Gérald Bélony Norgaisse a affirmé à l’organisation avoir traité le dossier avec rigueur, souligne RNDDH.

“Cette justice, déjà décriée, ne peut se permettre un énième scandale de corruption, encore moins dans un cas de trafic d’armes et de munitions”, soutien le RNDDH.

Cette affaire concerne les nommés Carl-Hens Barina Orival, Agent II affecté au Corps d’Intervention et de Maintien d’Ordre (Cimo), Eddy Baggio, employé de l’ONA; Frantzy Valme alias Didi, présenté comme étant un membre influent du Mouvement pour la Valorisation et Transformation d’Haïti (MTV Haïti) dit Mouvman Twazyèm Vwa Ayiti (MTV AYITI).

Ils sont reprochés par la DCPJ pour assassinat, viol, enlèvement et séquestration contre rançon, incendie criminel, vol à mains armées, détention, port et trafic illégaux d’armes à feu et de munitions, complicité et association de malfaiteurs au préjudice de nombreuses victimes, dont Vladimir Legagneur, Jean Junior Charles alias Junior MonCash, et au préjudice d’institutions et d’entreprises, dont le Programme Alimentaire Mondial (PAM), la compagnie Alaska, le Marché Ti Tony, etc.

Ces personnes ont été arrêtées suite à des informations fournies par Limacson Mathieu, employé de l’ONA et d’agent de police parlementaire, influent trafiquant d’armes et de munitions pour les comptes des puissants chefs de gang comme Johnson André alias Izo 5 seconde, chef de gang de Village de Dieu, Renel Destina alias Tilapli, caïd de Grand-Ravine et Christ-Roi Chery alias Krisla, chef de gang de Tibwa.

Le nommé Limacson Mathieu a été interpellé le 12 avril 2022, dans le département du Centre, à bord d’un Suzuki grand Vitara de couleur blanche immatriculé BB87123, par des policiers du commissariat de Belladère. Il avait en sa possession un fusil d’assaut de calibre M16. Fusil qu’il devait livrer au chef de gang de Village de Dieu, Izo 5 seconde.

Il venait aussi de placer une commande de vingt (20) caisses de cartouches, a-t-il déclaré.

Cependant, deux autres personnes qui l’accompagnaient au moment de l’arrestation ont eu le temps de prendre la fuite, selon l’organisation.

Limacson Mathieu affirme avoir intégré le commerce juteux de trafic d’armes et de munitions grâce à Frantzy Valme alias Didi qui l’avait mis en contact avec des trafiquants de Belladère, dans le département du Centre ainsi qu’avec des chefs de gangs armés.

Ces trafiquants de Belladère récupèrent les armes et munitions de la République Dominicaine, traversant la frontière et les introduisent sur le territoire haïtien. Les chefs de gangs armés de leurs côtés, reçoivent leurs commandes en livraison, détaille le RNDDH.

Le commerce juteux de trafic d’armes et de munitions

Selon les informations fournies par Limacson Mathieu, ce trafic s’avère être un juteux commerce dans le pays. Il affirme avoir vendu trois (3) fusils d’assaut pour dix-huit mille (18.000) dollars américains et quatre mille (4.000) cartouches de calibres différents, pour un million deux cent mille (1.200.000) gourdes, au chef de gang Johnson André alias Izo 5 secondes.

Le fusil M16 qui lui était destiné, devait être vendu pour six-mille-huit-cents (6.800) dollars américains, selon ce qui a été convenu.

Les armes longues comme les AR15, M16 se vendent entre cinq mille (5.000) et six-mille (6.000) dollars américains, et peuvent même être vendues pour plus cher.

Le trafiquant Limacson Mathieu indique avoir vendu à Tilapli quatre (4) fusils d’assaut pour vingt-deux-mille-cinq-cents (22.500) dollars américains et trois-mille (3.000) cartouches pour neuf-cent mille (900.000) gourdes.

“Il a avoué qu’il vend généralement des cartouches de tailles 7,62 mm et 5,26 mm. Selon lui, une caisse de mille (1.000) cartouches coûte au moins trois mille cinq cents (3.500) dollars américains”, poursuit le rapport du RNDDH.

Dans le cadre de ce dossier, l’organisation a, par ailleurs, exprimé son mécontentement vis-à-vis de l’absence de la première partie du dossier au Tribunal de première instance de Port-au-Prince.

Le registre y relatif est resté abandonné à l’ancien local du greffe du Tribunal de première instance de Port-au-Prince, situé au Boulevard Harry Truman, Suite à l’invasion des locaux par des bandits armés de Village de Dieu, en date du 10 juin 2022.

“Dans ces conditions, non seulement les victimes risquent de ne jamais obtenir justice, pire encore, les personnes incarcérées augmentent simplement le lot des détenus-es en situation de détention préventive illégale et arbitraire”, déplore RNDDH, qui croit que la justice doit travailler pour retracer cette partie.

Devant ce dossier de trafic d’armes et de munitions dans un contexte d’accélération de la dégradation de la situation sécuritaire du pays, l’organisation de défense des droits humains demande, parallèlement, à la DCPJ de continuer à mener ses investigations, mais surtout, d’auditionner toutes personnes interpellées, en présence de leurs avocats ou de témoins de leur choix.

Il convient à la ministre a.i. de la Justice et de la Sécurité publique d’agir par rapport aux recommandations du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) quant aux magistrats non-certifiés.

Le Ministère de la justice doit également enclencher le processus de certification de tout le personnel du Parquet près le Tribunal de première instance de Port-au-Prince, objet de dénonciations continues de la part des justiciables, recommande le RNDDH.

Une trentaine de magistrats non-certifiés par le CSPJ pour “absence d’intégrité morale, abus d’autorité, ivrognerie notoire, facilitation d’élargissement de criminels notoires ou qualification académique insuffisante”, dont le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Jacques Lafontant, jusqu’à date, ne sont pas encore été remplacés par le ministère de la Justice et de la Sécurité publique.

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