Femme, le thème attesté à la fin du Xe siècle par l’Académie française pour faire l’appellation de l’être féminin. Souvent, dans notre culture, celle-ci est considérée, comme l’avait soutenu Aristote, comme étant faible. Une conception à revoir. À l’occasion de la célébration de la journée internationale des femmes, partons à la découverte du journaliste Jeff Mackenley GARCON qui leur consacre une plume bien encrée.
Né le 22 octobre 1992 à Delmas, commune du département de l’Ouest, Jeff Mackenley GARCON a grandi et a passé une bonne partie de sa vie dans un quartier populaire. Vu, entendu, compris, l’ancien élève du lycée Horatius Laventure a eu des années très compliquées. Parfois, il n’arrivait même pas à manger. Venant d’une famille très modeste, il vivait entre 2 maisons, celle de sa mère et celle de son père.
Combatif, après ses études classiques, il ne pouvait pas compter sur sa famille pour intégrer une université privée. Du coup, sa seule option était l’Université d’État d’Haïti (UEH) où en 2014, il a postulé, sans succès, à la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP). “ J’avais fait ce choix en raison de ce que j’ai vécu dans un hôpital avec mon père. Je voulais participer au changement du système sanitaire et voler au secours de ceux qui ne peuvent pas se payer les soins de santé ”, dit-il.
Déterminé, en 2015, il a postulé en sciences naturelles et en chimie de l’École normale supérieure. Encore, l’échec s’est présenté sur son chemin. Puis en 2016, il a changé d’orientation en postulant à la Faculté des Sciences (FDS) et pour le département des mathématiques à l’ENS, pour 2 énormes échecs. “ Je me suis dit à l’évidence les études supérieures ne sont pas faites pour moi et j’ai abandonné “, nous révèle l’homme qui n’a pratiquement rien fait de 2014 à 2017.
En 2018, tout allait changer pour le chrétien. “ Cette année, il m’est venu à l’idée d’étudier la communication française à l’Institut français d’Haïti (IFH). J’ai réussi à avoir de l’argent nécessaire, mais les inscriptions ont pris fin avant que je ne puisse me faire inscrire. Et par hasard, une amie m’a dit que l’ISNAC offrait des demi-bourses. Je me suis dit : pourquoi pas ? Et j’ai intégré l’institution pour des études de journalisme sans savoir même ce que c’était. Et je suis devenu journaliste par le hasard des choses ”, nous retrace celui qui a finalement réussi, cette même année, à intégrer l’UEH.
Une plume aux femmes
Jeff Mackenley GARCON pratique le métier de journaliste depuis 2019. Et, en 2021, il a intégré Enquet’Action comme stagiaire où il est actuellement le rédacteur en chef adjoint et responsable du pôle genre.
Selon lui, ce n’était pas prévu d’accorder une plume particulièrement à la gent féminine. “ Par le hasard des choses, mon premier article était question de la lutte des femmes pour la survie de la démocratie en Haïti. Le titre : les femmes, poumon de la lutte contre la dictature en Haïti ”, nous a confié le fils du ghetto. “ À travers ce travail, j’ai montré le rôle que les femmes ont joué dans l’érection? de la démocratie en Haïti. Je suis partie d’une marche que des organisations féministes ont réalisée en 2021 sous la présidence de Jovenel Moïse. Ce fut un prétexte pour parler de l’héritage du mouvement féministe post 86 “, a-t-il mentionné.
Au cours d’une quinzaine de jours de publications consacrées exclusivement aux femmes sur Enquet’Action, M. GARÇON a accouché plusieurs travaux tels que:
1-Vanessa Jeudi: “dans ces moments de troubles, l’unique choix est la poursuite de la lumière.”
2-“Nous avons besoin d’une masculinité positive qui contribuerait à la réduction des inégalités de genre.”
3-Kalvè medam yo anba eslogan piman bouk gason an Ayiti.
4-Kenise Phanord: “jan sosyete a ye la fè medam yo ap veye pou sa yo te batay pou li yo pa disparèt.”
“ C’est durant cette période que m’est venu l’idée d’explorer davantage les thématiques liées aux femmes “, a-t-il scandé. De ce fait, Milo Milfort, fondateur et rédacteur en chef d’EA, lui a proposé le poste de responsable du pôle genre. Ensuite, sont venus les articles :
1-Sabine Lamour: “les acquis du mouvement féministe haïtien hypothéqués par la dynamique politique de ces 10 dernières années.”
2-L’expression “poto-mitan” attribuée aux femmes haïtiennes déresponsabilise les hommes dans la société.
3-Kolangyèt manman! Yon jouman ki peze lou an Ayiti akoz chay sosyal li epi listwa li trennen dèyè l.
“ Je suis satisfait en partie. La satisfaction vient du fait que j’ai pu mettre sur la table des problèmes que l’on ne voit ou ne voyait pas comme tel. Je peux prendre le poto-mitan comme exemple. Après avoir écrit l’article traitant ce problème, j’ai reçu des témoignages des gens qui pensaient qu’être poto-mitan signifiait être une héroïne. Mais ils ont fini par savoir que le poto-mitan est plutôt un être exploité. J’aurais voulu que beaucoup plus de gens lisent mes travaux et parler davantage de la place de la femme haïtienne dans la société “, a raconté l’étudiant finissant en histoire à l’IERAH,ISERSS.
Sans détourner la langue, Jeff Mackenley GARCON nous a fait savoir qu’il voit la femme haïtienne comme un être à part entière avec beaucoup de potentialité. Un être qui a su esquiver les barrières dressées devant elle. C’est aussi un être que l’on condamne à être au second plan dès la naissance. C’est un être exploité, banalisé, maltraité. C’est un être dont l’image est quasiment sexualisée. C’est le coupable par excellence, le bouc émissaire, le choc absorbé. Dans l’imaginaire haïtien, contrairement à l’homme, la femme n’a pas droit à l’erreur.
On veut qu’elle soit parfaite. Tout le temps. D’où un manque de liberté et aussi tout un système répressif fait de toute pièce pour elle. Heureusement que le mouvement féministe (l’ancienne et la nouvelle génération) continue de s’opposer à cet état de fait et brise l’omerta.
Plus loin, le musicien et conférencier a déclaré que 8 mars lui dit de rappeler au monde entier que les femmes sont des personnes. Et que toutes les personnes naissent libres et égales en droits et en dignité comme le conçoit la déclaration universelle des droits de la personne. “ 8 mars me dit davantage comment il est important de lutter pour le respect des droits de cette catégorie sociale “, a lancé le journaliste d’investigation.
Il croit que ces travaux lui ont permis de respecter son engagement d’exercer un journalisme utile en dénonçant les discriminations, les propos qui dégradent les femmes dans la société.
L’ancien journaliste rédacteur et éditorialiste d’Amérique Info7 fait partie des professionnels du métier qui croient en le journalisme utile, et à par ailleurs, partager son avis sur la pratique de cette discipline dans le pays
“C’est une presse qui a failli à sa mission d’information et de formation, juge l’historien en formation. On est en présence de journalistes de sensation priorisant le buzzisme. On n’arrive pas à décanter la vie privée de la vie publique des acteurs. Mais forte heureusement il y a beaucoup de journalistes qui respectent le B A BA du métier. Ils continuent malgré tout de proposer autres choses dans ce vaste tohu bohu caractérisant la presse haïtienne “, lâche-t-il.
Jeff Mackenley GARCON est marié et a comme loisirs la musique et le cinéma. S’il ne peut pas encore parler de réussite, il est toutefois sur de bonnes voies. L’homme qui se qualifie de perfectionniste a plusieurs articles en chantiers et chérit l’idée d’explorer les autres problématiques liées au genre.
Jeff Mackenley GARCON en a profité pour adresser un message de courage et de combativité aux femmes haïtiennes par rapport à la crise multidimensionnelle que confronte le pays.
“ Je sais que le pays traverse une situation difficile. Je sais qu’ici un avenir est loin d’être certain. Je sais que la majorité d’entre vous rêve d’aller vivre à l’étranger. Loin de moi l’idée de vous en dissuader. Mais, sachez que le changement du pays ne peut se passer de vous, que vous soyez en Haïti ou ailleurs. Qui plus est, vous (les femmes) représentez plus de la moitié de la population “, dit l’ancien collaborateur de la radio Model FM.
“Soyez conscientes de la force que vous représentez et continuez de résister au sbire du système même dans les moments les plus sombres”, appelle-t-il.