Haïti-Guédés : les morts boudent leur fête cette année

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Les 1er et 2 novembre, les Haïtiens, en particulier les adeptes du Vaudou, les prêtres et prêtresses de cette religion et culture populaire, se rassemblent dans les cimetières, à travers tout le territoire national et se fondent dans une ambiance sans précédent pour danser, chanter, et honorer les morts en offrant des offrandes aux loas. Cependant, cette célébration perd progressivement de sa valeur, surtout dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Au cimetière de Port-au-Prince, ainsi qu’à Delmas 34 et au niveau de la Route de Frères, la fête n’a pas attiré une importante foule. On pouvait tout de même entendre de la musique racine et des sons de tambour, tandis que certains pratiquants, portant des accoutrements de couleur blanche et mauve violet, se livraient à des rituels avec des bouteilles d’alcool mélangées à du piment. Certains, animés d’esprits guédés, allaient même jusqu’à verser un peu de piment sur leurs parties intimes.

D’autres étaient simplement présents pour observer ou pratiquer leurs dévotions, ou encore pour chercher la chance au pied de “Grann Brigit” et “Baron Lakwa”. Malgré tout, l’ambiance est plus froide que les années précédentes, même selon les esprits Guédés eux-mêmes, qui se plaignaient de la situation actuelle de la fête.

” Kè nou pa kontan, n ap soufri, souveren nou yo ap soufri”, a déclaré un esprit Guédé chevauchant un homme au visage poudré de blanc, vêtu d’une chemise blanche et d’un mouchoir mauve attaché autour de sa tête au cimetière de Port-au-Prince.

” Pa gen fèt ane sa a “, a lancé un autre esprit chevauchant une dame, exprimant l’espoir d’une amélioration de la célébration de cette fête l’année prochaine.

“ C’est triste de constater le déclin d’une fête aussi importante, où nous rendons hommage à nos ancêtres ”, a déclaré Me Jhonny Trov Salomon, présent au cimetière de Delmas 34.

De son côté, un adepte a affirmé que les morts sont de véritables protecteurs pour les vivants.
” Je suis venu voir les morts. Cette journée est une tradition pour nous, les Haïtiens. Les morts sont toujours présents, leur esprit veille sur nous. Ils nous avertissent toujours lorsque quelque chose va nous arriver, car ils nous protègent “, a-t-il soutenu, précisant qu’il servait 21 nations.

Cet adepte a également souligné que la fête des Guédés est une tradition qu’il est impératif de préserver. ” Nous devons la protéger. Si nous négligeons notre culture, notre pays ne pourra pas progresser “, a-t-il averti.

Outre son importance mythologique et festive dans la culture haïtienne, cette fête revêt également une dimension économique en rassemblant des marchands ambulants vendant du clairin, du piment, de la baleine, des bougies, de l’huile de palma Christi, des tableaux représentant certains esprits du Vaudou et d’autres produits mystiques.

Pierre-Bénêche Nicolson DELVA


Crédit photo : Saphira Orcel

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