Naquit le 10 octobre 1985, à Hinche, François Borgia Charlemagne Péralte fût le fruit de l’union entre le Général Rémi Massena Péralte et d’une couturière, Marie-Claire Emmanuel ; sa seconde épouse. Crucifié le premier novembre 1919, Charlemagne Péralte un homme de grande carrière et l’un des plus grands héros haïtiens du 20ème siècle.
Un parcours exceptionnel
Il grandit à Hinche, dans une cité herbeuse du Plateau Central. Servant la messe dans l’église de Hinche célébré à l’époque par le curé Pocro et qui lui avait appris le catéchisme. Charlemagne étant toujours un enfant, a dût laisser sa ville natale pour s’installer à la capitale, en vue de poursuivre son éducation scolaire où il rentra au pensionnat de « Chez Monsieur Benoît» dans le quartier de Tête-Bœuf. Et il fit la connaissance du Général Edmond Polynice, homme pleine d’histoire à titre d’exemple il était l’exécuteur de Charles Oscar Étienne le 28 juillet 1915.
En 1904, son père mourra. Il a Laissé l’institution de Saint-Louis de Gonzague pour retourner à Hinche. Il apprit d’arpenteur-topographe pendant environ un an selon le curriculum de l’époque. À 19 ans, ce métier lui avait été déjà utile pour assurer la continuité des traditions de sa famille à Plateau Central. En effet, il fit fructifier les propriétés, il avait des guildives, des moulins.. Attaché à son travail de fermier, d’éleveur et de distillateur, il s’y adonna corps et âme.
Il a aussi occupé plusieurs postes administratifs. Charlemagne Péralte fut nommé Vice-consul d’Haïti à Commendador, Elias Piña, en République Dominicaine. Il se positionna en 1908 aux côtés d’Anténor Firmin. Sur la présidence d’Antoine Simon, il a été élu maire de Hinche. Passé de Juge de paix de Mirebalais. Sur la gouvernance d’Oresre Zamor il était commandant de l’Arrondissement de Port-de-Paix. La liste est longue…
Ses actes d’héroïsme
Charlemagne Péralte a eu l’habitude de se révolter. En janvier 1915, lui et son cousin Dupéra Péralte ont pris les armes à Lascahobas pour lutter contre Davilmar Théodore qui s’opposait à Vilbrun Guillaume Sam.
Après la prise du pouvoir par Sam, Charlemagne qui s’intallait à Pétion-ville est nommé commandant d’arrondissement à Léogane où il a reçu à pein fouet la souillure du territoire par les occupants américains.
Le 17 août 1915 soit 5 jours après l’élection à la présidence du pays par Sudre Dartiguenave, Léogane était assiégée par les occupants. Des dizaines de soldats venant en train étaient aux gares, le bateau de guerre américain «Eagle» était sur la mer. Le commandant du bateau demande à Charlemagne Péralte de lui remettre la ville. Chose qu’il a refusée catégoriquement, précisant qu’il reçoit de l’ordre venant uniquement du président de la République.
Le chef des corps venus par train demande à Charlemagne l’Hôtel de la ville pour loger ses soldats. Il a encore opposé et déclare que l’établissement est le siège de la souveraineté nationale, des forces étrangères ne peuvent pas y loger. Les militaires américains qui avaient compris que Charlemagne Péralte était prêt à défendre la ville jusqu’à la dernière cartouche, restèrent sur leurs bateaux. Léogâne était la seule ville où le bicolore national continuait à flotter et des patrouilles haïtiennes la parcouraient.
Révoqué quelques jours plus tard par le président Dartiguenave, il quittait Léogane la tête haute. Passant à Port-au-Prince, il rendît visite au Général Polynice. Il lui aurait dit : “ Général, je rentre chez moi. Mais j’ai confiance en mon étoile. Je soulèverai le peuple et mettrai les américains hors du pays. ”
Le 10 octobre 1917, alors qu’il fêtait son trente deuxième anniversaire. Ce soir-là, le cadeau était spécial. Les cacos ont attaqué la ville de Hinche, marquant le début de sa bataille avec les occupants.
Échec de l’attaque, Charlemagne Péralte et ses frères, du côté de son père, Saül; St-Rémy et Jules ainsi que des cousins et d’autres notables ont été arrêtés. Condamné le 14 janvier 1918, Charlemagne est envoyé à la prison du Cap pour purger sa peine à cinq ans de travaux forcés. Dans sa souffrance, il a préparé son évasion.
Le 3 septembre 1918, Charlemagne s’échappait avec son gardien le gendarme Luczama Luc. Retrouvé le Plateau quelques jours après, il s’organise à noter que la population locale n’a pas été désarmée. Indigné face à la Corvée, à Pignon, il lança le cri de la révolte. Dans la soirée du 15 octobre 1918, il attaqua une seconde fois les occupants. Une attaque qui a apporté du fruit. Après un an de combat, le résultat est dérisoire. Les cacos arrivaient à contrôler des milliers de kilomètres du territoire en dépit des forces aériennes, maritimes et terrestres qu’avaient les américains.
Blessé au bras, le 15 juin 1919, il a reçu l’aide des guerrileros dominicains « gavilleros ». Charlemagne s’impose de plus en plus. Il a même envoyé des missives aux chefs de mission diplomatique de Grande-Bretagne et de France en Haïti, pour les expliquer le but de sa guerre qui est de la libération sine qua none de son pays.
Trahison de Charlemagne
Les cacos ont même frappé à la Capitale. Faute de pouvoir vaincre Charlemagne Péralte et ses troupes, les américains se sont obligés d’utiliser de vils moyens. La trahison était leur recours. Ce fameux Jean Baptiste dit Conzé s’est rangé sur la bannière de Charlemagne Péralte.
Le capitaine Hermann H. Hanneken et l’architraîte Jean Baptiste Conzé seront à la tête d’une vaste opération pour l’éliminer sur la bénédiction des autorités de Washington. Edmond Jean-François garde de l’armée occupante, se fait passer pour un déserteur afin d’infiltrer les Cacos. Après maintes réticences de sa part, Charlemagne a donné la bénéfice du doute à Conzé et a planifié une attaque contre la Grande-Rivière du Nord.
Du 31 octobre au premier novembre 1919, après une minutieuse planification a eu lieu. Conzé avait déjà communiqué le plan aux occupants.
En direction de la Grande-Rivière du Nord, les cacos ont pris dans un guet-apens préparé par les hommes de Hanneken. Edmond le faux déserteur conduit le capitaine et une vingtaine de gendarmes au camp de Charlemagne dans les montagnes. Déguisés en paysan et les visages barbouillés en noir, ils se font passer pour des messagers de Conzé qui vont annoncer la prise de la ville.
Charlemagne assit près d’un feu, de loin Hanneken le reconnaît. Les deux hommes se font face, dans une poussière de seconde Charlemagne a compris le coup. Tentant de dégainer son revolver, Hanneken lui a tiré deux balles en plein cœur. Charlemagne tombe, les hommes de Hanneken dût profiter pour faire un carnage.
Le cadavre de Charlemagne Péralte a été débarqué dans le parc bestiaux de la gare du Cap puis acheminer à l’Arsenal du Cap, pour y être identifié. Après, le corps a été exposé nu sur une porte dans la cour l’Arsenal. Crucifié à l’instar du Christ, le 3 novembre le corps sera inhumé au camp de concentration de Chabert, près du Trou-du-Nord.
Le Chargé d’affaires de France, le même de sa mise en terre, a dit ceci en son hommage : “ Cette capture et cette mort privent les Cacos d’un de les chefs les plus avisés, et il est à présumer que Charlemagne sera difficile à remplacer ”.
Il disait vrai, le mouvement allait continuer avec son lieutenant, Benoît Batraville. Trahi à son tour, il est assassiné le 20 mai 1920 dans son repaire à Barrière-Roche et est enterrée au cimetière de Mirebalais.
Un article ne sera pas assez pour reproduire le parcours de ce valeureux révolutionnaire nationaliste qui a marqué le 20ème siècle à sa façon. Celui qui a fait trembler les américains. Y aura t-il un nouveau Charlemagne à nous relever de notre descente aux enfers ??? Où notre quotidien est occupé par toutes les puissances.
Documentation.
- Jacques Barros, HAÏTI de 1804 à nos jours, Tome I et Il
- Dr Georges Michel, un centenaire ( 1885-1985 ) CHARLEMAGNE PÉRALTE
- Roger Gaillard, Le nouveau monde