La nouvelle était tombée au bon petit matin et poignardait le cœur de plus d’un. Le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Monferrier Dorval, a été assassiné tard dans la soirée du vendredi 28 août 2020, devant sa demeure, à Pèlerin 5, commune de Pétion-ville. Pays sans pitié, il faudrait du temps à Haïti pour retrouver un intellectuel de cette tranche.
Cette nuit maudite, son pays l’a tout bonnement sacrifié alors qu’il tentait de rentrer chez lui après une longue journée partagée entre son cabinet d’avocats, le barreau de Port-au-Prince et la Faculté de droit et des sciences économiques.
Au matin de son exécution, le natif de Grande-Saline, commune du département de l’Artibonite, avait accordé une entrevue à la radio Magik 9 autour de la Constitution.
“ Me Dorval n’est pas au service de lui-même. Je ne m’appartiens plus, j’appartiens au pays. Je fais le sacrifice de ma vie pour servir le pays. J’aime ce pays. Nous avons une grande histoire ”, les dernières déclarations publiques du professeur de droit constitutionnel qui resteront à jamais graver dans la mémoire de ceux qui l’adulaient.
L’échec est à constater. Haïti a choisi de mettre de côté l’intellectualisme en ôtant la vie du bâtonnier, une grande première dans l’histoire du barreau de Port-au-Prince, qui remonte à 1859.
Né à Grande-Saline, commune du département de l’Artibonite, le 10 juin 1956, Monferrier Dorval a fait ses études primaires dans sa ville natale avant de se rendre dans la capitale une fois son certificat de fin d’études primaires (6AF) obtenu. Ses études secondaires ont été achevées au lycée Alexandre Pétion.
Après ses études classiques, il a gagné sa place dans la troisième promotion de la Faculté des sciences humaines (FASCH). Monferrier Dorval commença sa carrière professionnelle en tant que travailleur social au centre d’accueil Duval-Duvalier. C’est en 1981, le fortifiant a par la suite décidé d’intégrer la Faculté de droit et des sciences juridiques de l’Université d’État d’Haïti.
Toujours au top, il a été lauréat d’un concours organisé par l’ambassade de France, de là étant, il a obtenu l’une des deux bourses d’études de master disponibles dans le cadre d’un accord entre la FDSE et l’université d’Aix-Marseille.
Soutenant ses deux mémoires de licence à la Faculté de droit et des sciences économiques et la Faculté des sciences humaines, les 26 et 30 septembre 1985, respectivement, il part étudier en France, à la Faculté de droit et de science politique d’Aix-Marseille.
L’un des plus grands rêves de Monferrier Dorval était de devenir « docteur en droit ». À bon travailleur reviennent les grandes récompenses, le 08 juillet 1992, il a soutenu sa thèse doctorale portant sur l’administration publique haïtienne. Sa patrie a eu droit à son retour en 1993. Sans trop tarder, dès novembre de la même année, il a commencé à enseigner le droit constitutionnel et le droit administratif à l’Université Quisqueya.
Les étudiants de la Faculté de droit et des sciences économiques de l’UEH, son alma mater, ont commencé de jouir de son savoir dès le 22 janvier 1994, date à laquelle il intègre le corps professoral. Le docteur en droit dispensait aussi ses cours à l’École nationale d’administration financière (ENAF).
Il faut souligner que son père, André Pierre Dorval, un normalien, avait de son vivant enseigné à l’École nationale de Grande-Saline, avant d’être directeur d’école. Sa mère qui est une Élie duboisienne, a elle aussi dispensé le pain de l’instruction à Limbé.
En dépit de son parcours dans le secteur judiciaire surtout avec ses grandes sorties sur les sujets liés à la constitution, l’enquête sur son assassinat, deux ans après, n’accouche rien. Qui pis est, aucun magistrat instructeur n’a été désigné pour instruire le dossier. Monferrier Dorval est humilié même après sa mort, la justice est incapable de faire la lumière sur son crime odieux et la société ne fait que suivre.