Divergences kényanes sur l’intervention militaire en Haïti, le chancelier Alfred Mutua rétrogradé

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Les lignes bougent au sein du gouvernement kényan qui a choisi de prendre les commandes du prochain déploiement militaire en Haïti. Après le vote, lundi 2 octobre, de la résolution 2699 autorisant le déploiement d’une force multinationale sur le sol dessalinien par le Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre des affaires étrangères du Kenya, Alfred Mutua a été muté au ministère du Tourisme dans le cadre d’un remaniement ministériel ordonné par le président William Ruto.

Le ministre Alfred Mutua menait la danse sur le dossier de déploiement de la force multinationale en Haïti. En effet, sa mutation a vu le jour après ses multiples sorties dans la presse sur l’envoi de cette force qui sera dirigée par son pays, disposé à donner 1 000 policiers.

Il avait même déclaré que ces 1 000 policiers kényans fouleront le sol d’Haïti d’ici janvier 2024 pour combattre les gangs criminels armés aux côtés de la police nationale.

Division kényane

La volonté du Kenya de diriger cette force multinationale en mission d’un an en Haïti ne fait pas l’unanimité dans ce pays de l’Afrique de l’Est.

” Quelle est leur mission en Haïti ? ”, demande Emiliano Kipkorir Tonui, général de brigade à la retraite, qui a supervisé les déploiements de casques bleus kényans au Liberia, au Timor-Oriental et en ex-Yougoslavie. “ Les Kényans doivent être informés. Les dirigeants sont responsables devant le peuple ”, déclare-t-il à l’AFP.

En plus, Emiliano Kipkorir Tonui a fait savoir que la police kényane est formée au maniement d’armes légères et n’a que peu d’expérience du combat, subissant des pertes dans son propre pays contre des bandits mal armés et des voleurs de bétail.

“ Les combattants en Haïti ont des calibres 12,7 mm, ce qui correspond à des mitrailleuses lourdes. Nos policiers ne sont pas formés à la lecture de cartes, comme les militaires. Ils ne sont pas formés à la communication, ni au maniement d’armes comme les mitrailleuses ”, a ajouté l’ancien militaire qui est membre de l’organisation Vétérans kényans pour la paix, basée à Nairobi.

D’un autre, les citoyens kényans des différentes couches expriment en grand nombre leurs incertitudes sur la capacité des policiers à mener leurs missions en Haïti, rapportent les médias locaux.

Même la classe politique se divise. Le chef de l’opposition du Kenya, Raila Odinga, pense quant à lui que le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies a pris une décision incorrecte en laissant son pays dirigé une telle mission.

Par ailleurs, il est à noter que le gouvernement kényan n’a pas encore présenté son projet au Parlement, comme l’exige la Constitution du pays avant tout envoi de troupes à l’étranger.

Le Parlement a même annoncé ce mercredi la convocation du chef de la police, Japhet Koome, et le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, pour clarifier les détails de cette mission.

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