Laurent Lamothe, Rommel Bell et Patrick Noramé dans le collimateur de l’ONU pour corruption

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Si une trentaine de personnalités haïtiennes ont déjà été indexées dans les régimes de sanctions des États-Unis et du Canada, prévoyant une interdiction de voyage, un gel des avoirs et un embargo sur les armes ciblées, c’est maintenant au tour du Groupe d’experts créé par la résolution 2653 (2022) du Conseil de sécurité de l’ONU de faire bouger les lignes. Dans un rapport, les experts ont mis en cause plusieurs membres de l’élite économique et politique, dont Laurent Lamothe, pour leur complicité dans des faits de corruption et le financement de groupes armés contribuant à l’insécurité en Haïti.

Dans son rapport, le Groupe d’experts de l’ONU maintient ses conclusions concernant la dilapidation des Fonds de Petro Caribe, fonds qui auraient dû apporter une lueur d’espoir au peuple haïtien.

Le groupe d’experts affirme : « M. Lamothe était l’ordonnateur principal pour le décaissement des fonds de Petro Caribe, visant la réalisation de 149 projets pour un montant total de 668,8 millions de dollars », peut-on lire dans ledit rapport de 158 pages. Selon les informations recueillies dans des rapports d’enquête officiels haïtiens transmis par le Groupe d’Experts, « sur le montant total de 1 738 691 909 dollars alloué aux projets, environ 92 % avaient été dépensés sur la base d’autorisations douteuses, et pratiquement aucun projet n’avait été réalisé ».

En outre, le Groupe d’experts indique avoir contacté M. Lamothe à ce sujet, qui à son tour a nié avoir détourné ces fonds Petrocaribe. M. Lamothe a ajouté avoir été blanchi de ces accusations et qu’à aucun moment il n’avait été l’ordonnateur des fonds. Il a également déclaré que « le fonds était géré par le Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement, sous la supervision du Ministre des finances, en toute autonomie. Les fonds ont été alloués aux projets sous la direction du Président, qui préside le Conseil des ministres ». Malgré ses déclarations, le Groupe d’experts maintient ses conclusions.

Laurent Salvador Lamothe n’est pas le seul à être sous le feu des projecteurs des experts. Ces derniers ajoutent également à leur liste Rommel Bell et Patrick Noramé pour des faits de corruption.

M. Bell, ancien Directeur de l’administration générale des Douanes, selon ce rapport, avait fait une fausse déclaration de son patrimoine personnel en dissimulant des informations et en ne justifiant pas les montants reçus sur ses comptes bancaires.

Quant à Patrick Noramé, ancien Directeur du BMPAD sous la transition de Jocelerme Privert, qui a fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par le juge instructeur Jean Wilner Morin le 27 mars dernier dans le cadre du dossier de L’ULCC a « détourné plus de 124 millions de gourdes (environ 2 millions de dollars) provenant de ventes illégales de riz donné par la Japan International Cooperation Services, ce qui a provoqué une suspension de toute aide bilatérale à Haïti, à l’exception de l’aide humanitaire d’urgence, jusqu’à ce que le Gouvernement haïtien prenne les mesures qui s’imposent ».a rapporté les Experts de l’ONU

Dans ce document, les experts ont signalé plusieurs problèmes majeurs révélant la défaillance de l’État haïtien. Ils recommandent au Conseil de l’ONU de soutenir le renforcement de l’intégrité et des capacités du système judiciaire afin de mettre fin à l’impunité des personnes qui menacent la paix et la sécurité du pays, notamment les gangs et leurs commanditaires, ainsi que des personnes impliquées dans le détournement de fonds publics.

Pierre-Bénêche Nicolson DELVA

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