Cela fait déjà 100 jours que le Dr. Garry Conille et son cabinet ministériel sont aux commandes du pays. Pourtant, au lieu de proposer une réponse décisive à la crise sécuritaire et humanitaire qui frappe Haïti de plein fouet, le Premier ministre semble se limiter à des visites protocolaires et des réunions sans impact tangible, tandis que la population continue de souffrir et d’observer.
Lors de son discours d’installation, le Premier ministre Garry Conille avait pourtant dressé un portrait sombre de la situation du pays, tout en appelant le peuple à faire preuve de courage face aux défis à venir. Il avait promis que son gouvernement travaillerait sans relâche pour rétablir la sécurité publique et redresser l’économie.
« Je m’engage à servir notre nation avec intégrité, transparence et dévouement. Mon gouvernement travaillera sans relâche pour améliorer les conditions de vie de chaque Haïtien et Haïtienne, pour bâtir un avenir plus sûr et plus prospère, et pour rétablir la dignité de notre peuple », déclarait le Premier ministre lors de sa prise de fonction le 12 juin 2024.
100 jours plus tard, une réalité stagnante, voire dégradée
Mais 100 jours après ces promesses, les résultats concrets sont toujours attendus. Si l’on devait juger l’action du Premier ministre sur cette période, force est de constater que les promesses de sécurité, de relance économique et de dignité se sont évaporées. Garry Conille paraît toujours en quête de la direction à prendre, sans avoir atterri sur aucune piste d’action significative. « PM Garry Conille poko ka ateri, genlè sa n te panse a se pa sa », murmurent les sceptiques.
Les observateurs, qui dressent un premier bilan de cette période de l’ex-PM de l’administration de Martelly qui est revenu à la Primature en succession à Ariel Henry, décrivent un Premier ministre désorienté, incapable de poser des actions concrètes. À la place, il enchaîne les rencontres et les visites diplomatiques sans rien offrir de substantiel. Loin d’agir, il semble spectateur des événements.
Des réalisations dérisoires face à l’urgence
L’exemple de la reprise du contrôle de l’Hôpital Général, présenté comme un « succès » par le gouvernement, est révélateur du manque de vision. Bien que les autorités se félicitent de cet accomplissement, le plus grand centre hospitalier du pays reste dysfonctionnel et dangereux. Personne n’ose s’y aventurer, craignant d’être pris dans les balles des gangs qui sévissent toujours dans les alentours.
Il y a deux mois, Dr. Conille avait assuré la population que le gouvernement reprendrait le contrôle du pays « de ville en ville, maison en maison et quartier en quartier ». Pourtant, aujourd’hui, des communes entières, comme Ganthier, restent sous le joug des gangs armés, sans que le gouvernement ne parvienne à inverser la situation.
Un plan de transition qui reste lettre morte
Si les actions décisives pour remonter la pente se font encore attendre dans le pays, il est bon de rappeler que le gouvernement Conille doit respecter une feuille de route définie par l’accord du 3 avril 2024. Cet accord, censé garantir une transition pacifique et ordonnée, prévoit notamment la réforme des Forces Nationales de Sécurité, la préparation d’une conférence nationale et le renforcement des institutions étatiques. Pourtant, sur ce front aussi, rien de concret n’a encore été réalisé.
Le gouvernement de transition dirigé par Garry Conille, avec ses 14 ministres pour 18 ministères, a jusqu’au 7 février 2026 pour remettre le pouvoir à un président élu démocratiquement. Cependant, à ce rythme, il est légitime de se demander si ce gouvernement sera en mesure de mener à bien la transition pour atteindre cet objectif. Les 100 premiers jours de Conille, marqués par l’inaction, ne laissent guère d’espoir.