Haïti/Force multinationale: les États-Unis se disent incapables de continuer à assumer le fardeau financier

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Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU tenue ce lundi, la représentante des États-Unis a avoué la position de la nouvelle administration sur le financement de la Force Multinationale, dirigée par le Kenya, en déploiement en Haïti.

“ L’Amérique ne peut pas continuer à supporter un fardeau financier aussi important ”, a déclaré Dorothy Camille Shea, chargée d’affaires par intérim à la mission des États-Unis aux Nations Unies, rapporte Miami Herald.

Elle a appelé les autres membres de la communauté internationale à accroître leur soutien à la réponse à la détérioration rapide de la situation d’Haïti. Les États-Unis, plus précisément l’administration précédente de Biden, a injecté plus de 600 millions de dollars pour soutenir cette mission en Haïti sous la direction de la nation est-africaine Kenya.

La cheffe de la BINUH

Lors de cette réunion, la représentante spéciale du secrétaire général en Haïti, Maria Isabel Salvador, a déclaré que l’escalade des attaques armées affecte les quelques zones restantes de la capitale qui ne sont pas sous contrôle de gangs et sème la panique, alors que de nouvelles villes en dehors de la région métropolitaine tombent également aux mains des gangs.

“ L’augmentation du soutien international à Haïti est plus importante que jamais, en particulier grâce à l’augmentation du financement et de la capacité opérationnelle de la Mission multinationale de soutien à la sécurité ”, a déclaré la cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).

Haïti a atteint un moment charnière. Nous approchons d’un point de non-retour. Alors que la violence des gangs continue de se propager à de nouvelles régions du pays, les Haïtiens connaissent des niveaux croissants de vulnérabilité et un scepticisme croissant quant à la capacité de l’État à répondre à leurs besoins, a ajouté Maria Isabel Salvador.

“ Sans une assistance internationale opportune, décisive et concrète, la situation sécuritaire en Haïti pourrait ne pas changer… Haïti pourrait faire face au chaos total et tout retard dans votre soutien pourrait être une cause directe d’une telle détérioration”, insiste-t-elle.

Le temps de la condamnation est terminé, a déclaré, de son côté, la représentante du Danemark, Christina Markus Lassen, lors de la réunion de mise à jour de lundi sur la situation du pays. “Haïti manque de temps. Les gangs armés continuent d’étendre leurs arsenaux et leur territoire “, a-t-elle lâché, faisant écho aux appels de plusieurs autres représentants pour une plus grande implication.

Par ailleurs, la ministre de la Sécurité nationale du Kenya, Monica Juma, a déclaré que les contributions volontaires au fonds fiduciaire des Nations Unies pour la Force Multinationale restent à 110 millions de dollars, ce qui est insuffisant.

“ Ce dont la mission a besoin, c’est d’être entièrement déployée, rapidement activée; une expansion urgente… est donc essentielle pour fournir l’impact escompté et répondre aux attentes légitimes du peuple haïtien. Au Kenya aujourd’hui, un total de 261 officiers restent en attente pour le déploiement, mais ne peuvent pas se rendre au théâtre des opérations en raison d’un manque d’équipement et de soutien logistique ”, a-t-elle déclaré, précisant que, près d’un an après son déploiement, la force multinationale reste à moins de 40  % de son objectif déclaré de 2 500 agents de sécurité.

Ce lundi après-midi, à travers une note conjointe du bureau du porte-parole de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et de celui de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS), les responsables informent que, contrairement aux informations publiées par certains médias étrangers, faisant croire que la Force Multinationale n’appuie pas la PNH dans les opérations de démantèlement des gangs armés, les agents de la MMSS sont très impliqués dans le théâtre d’opérations sur le terrain aux côtés de la PNH sur plusieurs fronts.