Si les ancêtres pouvaient voir comment les dirigeants haïtiens bafouent aujourd’hui l’héritage arraché au prix du sang, ils pleureraient dans leur tombe. En 1803, l’Arcahaie a vu naître un idéal d’unité ; en 2025, elle est abandonnée par ceux qui prétendent gouverner. Une mémoire trahie.
Désormais, les lieux symboliques dans l’historiographie haïtienne n’ont pas la même importance qu’hier. Le 18 mai d’hier chantait la victoire contre l’oppression ; celui d’aujourd’hui résonne du silence cynique d’un État totalement absent qui fuit la réalité du pays.
Depuis plusieurs années, la cité du drapeau a perdu sa valeur symbolique. Nos dirigeants,
n’ont rien fait pour préserver les dates historiques comme ils devraient le faire dans leurs lieux symboliques. Reculant face aux gangs armés, chaque année, ils ont orchestré une mise en scène, une mascarade pleine d’insouciance, de cynisme, de promesses illusoires et de mensonges
Arcahaie, ce lieu symbolique, ne figure plus dans leur agenda. Le MUPANAH non plus, surtout quand ils fuient les bandes armées au Champ-de-Mars. Cette année, les festivités sont délocalisées dans le Nord. Fuyant la loi des gangs sur la route nationale #1 qui mène à l’Arcahaie, le Conseil Présidentiel de Transition, coordonné par l’économiste Fritz Alphonse Jean, s’est dirigé vers la ville du Cap-Haïtien avec 400 millions de gourdes pour commémorer les 220 ans de la création du bicolore. Une commémoration vidée de sens.
Cela traduit la faillite d’un État qui n’assume plus ses responsabilités. En préférant la mise en scène à la mémoire, le pouvoir enterre un peu plus l’esprit du 18 mai.
Ils ont dépensé pour se montrer plus soucieux d’image que de réalité, célébrant une illusion d’unité, alors que la population est encore abandonnée et prise en otage par des gangs. Cela témoigne de l’absence de courage politique de nos dirigeants.
Le CPT a réduit notre bicolore à une toile que l’on agite machinalement, très loin de l’idéal qu’il portait. Comme il est écrit dans le premier couplet de la Dessalinienne : « Pour le Pays, pour les Ancêtres, Marchons unis, marchons unis, Dans nos rangs point de traîtres ». Les 9 membres du CPT agissent comme des traîtres foulant aux pieds les paroles symboliques de nos ancêtres pour faire de nos valeurs historiques le voile d’un échec collectif.