À l’occasion de la cérémonie de décoration ce lundi 13 mars de l’ancienne Première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis, l’ambassadeur de France en Haïti, Fabrice Mauriès, dans le cadre d’une interview en a profité pour faire le point sur l’aggravation de la situation sécuritaire en Haïti.
Sans détour, l’ambassadeur Fabrice Mauriès a fait part de son inquiétude face à l’enfer instauré par des gangs dans le pays, surtout à Port-au-Prince. « Je fais une lecture inquiétante de la situation du pays. Nous sommes évidemment tous inquiets de la situation sécuritaire. C’est l’essentiel, il faut être inconscient pour ne pas réaliser que le peuple haïtien et les résidents étrangers en Haïti ne sont pas inquiets de la situation et qu’il y a une certaine peur, parce que la situation se dégrade de jour en jour avec entre autres, des enlèvements, des affrontements entre gangs », a déclaré M. Mauriès.
Selon le diplomate, cette situation suscite un certain nombre de réflexion. « Cela nous oblige à méditer aussi sur ce que nous pouvons faire pour améliorer la situation en liaison avec le gouvernement et les acteurs politique haïtiens ”, dit-il.
Plus loin, l’ambassadeur précise que cette méditation s’appuie sur la dégradation de la situation et cela permet de comprendre les raisons. En dépit du fait que la situation sécuritaire soit une préoccupation, la méditation n’empêche pas de poser parallèlement des actions, a-t-il ajouté.
Le diplomate a indiqué que son pays essaie d’apporter son aide, précisant qu’il discute assez souvent avec le Premier ministre Ariel Henry, le DG de la PNH, les ministres concernés et également les acteurs concernés qui sont des composants de la crise.
« Sur la question sécuritaire, nous avons augmenté en 2022 notre coopération bilatérale avec la PNH. Nous avons amené beaucoup de formateurs, notamment des formateurs du RAID qu’est l’instance antiterroriste de la police française. Nous les avons fait venir en Haïti pour dispenser des formations sur les techniques d’interventions contre les gangs. Et cette année nous allons maintenir cet effort de formation et l’augmenter sur des proportions significatives », a fait savoir M. Mauriès.
« Nous sommes entrain de discuter avec les responsables de la PNH sur la modalité de cette coopération. C’est juste une coopération. Ce sont des formateurs français ou des haïtiens qui iront se faire former en France ou dans des départements d’outre-mer français. Il n’y aura pas de soldats, il n’y aura pas de policiers français qui viendront ici faire le travail de la PNH. Nous respectons la souveraineté haïtienne et le maintien de l’ordre est une compétence de l’Etat haïtien “, insiste le chef de la diplomatie française en Haïti.
Selon l’ambassadeur, la France soutient la demande du gouvernement haïtien sur le déploiement d’une force multinationale dans le pays pour mâter l’insécurité. “ Ce qui permettra de gagner du temps, d’accomplir nos objectifs ”, croit-t-il.
Par ailleurs, l’ambassadeur Fabrice Mauriès a insisté sur le fait qu’Haïti doit compter sur ses forces nationales et ceci de manière constante.
Le pays a beaucoup de ressources humaines, administratives et financières énumère-t-il spécifiant que ce sont ces forces qu’il faut mettre en ordre et rassembler pour aller à l’essentiel qui consiste à débarrasser le pays des gangsters, du crime organisé, dit-il en étant optimiste.
Entre-temps, Fabrice Mauriès se dit conscient de la faiblesse de l’Etat haïtien qui n’arrive pas à assumer ses responsabilités fondamentales : assurer la protection des citoyens, juger les bandits et les gangsters, assurer la représentation du pays à l’étranger et assurer l’éducation des enfants.
crédit photo : Erickson ALCINÉ/Passion Info Plus