Port-au-Prince tremble sous les balles. Outre les armes de guerre qui chantent un peu partout dans la capitale d’Haïti, des fatras ont pris en otage ses rues, offrant des spectacles apocalyptiques à chaque goutte de pluie tombant sur les hauteurs de la ville. À quelques semaines de la célébration de la fête traditionnelle judéo-chrétienne, le Noël, la ville de Port-au-Prince, fondée en 1749, meurt asphyxiée en respirant les odeurs puantes que dégagent les fatras, œuvres humaines.
Ce ne sont pas de bouquets de fleurs déposés sur les voies publiques pour accueillir le père Noël. Trois fois, NON! Ce sont des tonnes d’immondice qui jonchent le pavé. Sur ces détritus décoratifs servant d’adresse aux habitants, aux marchands et à certaines institutions, des mouches, des cochons et des chiens sont en concert. Pour qui ? Pour des piétons, des chauffeurs et des passagers qui traversent la ville.
S’il faut se diriger à la gare routière de Portail-Léogâne, il faut savoir jouer à la marelle. Les produits en styrophoams et les bouteilles vides des boissons gazeux dorment sur le sol. Si on fait un pas devant, il faudra en faire deux autres en arrière. On marche comme des dribbleurs. On esquive non seulement les eaux stagnantes, mais aussi des déchets emballés sur la voie publique.
Il n’y a pas que le cœur de Port-au-Prince qui souffre de la présence de ces fatras. Au niveau de la commune de Delmas, notamment bas de Delmas, la triste situation se dessine. On va passer Noël où et comment ?
Sur la route de Frères s’allongent des déchets. Ce ne sont pas de sapins de noël, plutôt des produits dangereux pour l’environnement exposés jour et nuit au visage des citoyens qui paient leurs taxes. Les fatras nous saluent et nous parlent quotidiennement.
Des fatras devant l’Eglise du Nazaréen de Pétion-Ville/ Photo mise en avant/©️Erickson ALCINÉ/PIP
Wilder Sylvain