Dans la journée du jeudi 29 février, les gangs armés regroupés sous la dénomination “Viv Ansanm” ont décidé d’étendre leurs tentacules sur la capitale haïtienne. En seulement 5 jours, ils ont réussi à détruire, puis incendier pas moins de 8 commissariats et sous-commissariats, ouvrant les portes de plusieurs grands centres carcéraux du pays et permettant à plusieurs milliers de détenus de prendre la fuite. Cette escalade de violence engendre une pénurie sévère d’eau potable.
Ils n’ont aucune crainte envers les agents de la police haïtienne. Les gangs armés, dotés d’une puissance vociférante, parviennent à mettre à genoux la Police haïtienne et les Forces armées d’Haïti. Lors d’une attaque menée dans la soirée du samedi 2 mars dernier, ils ont ouvert non seulement les portes de la prison civile de Port-au-Prince, communément appelée Pénitencier National, mais aussi celles de la Croix-des-Bouquets, facilitant ainsi l’évasion de plus de quatre mille détenus. Parmi ces prisonniers figurent des criminels notoires qui sont désormais dans la nature.
Ces actes, qui ont occasionné l’assassinat d’au moins quatre policiers au sous-commissariat de Bon Repos, Croix-des-Bouquets, visent à renverser le Premier ministre de facto Ariel Henry. Jimmy Chérizier, alias Barbecue, ancien policier, reconverti en chef de gang, parlant au nom de cette coalition “Viv Ansanm”, réitère son engagement à faire partir Ariel Henry afin, dit-il, de changer le “système”.
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Pour faire face à cette situation chaotique, le gouvernement haïtien, dans un document signé par le ministre des Finances Patrick Boisvert, assurant l’intérima, a pris la décision de décréter l’état d’urgence sur tout le territoire du département de l’Ouest et instaurer un couvre-feu pour 72 heures. En dépit de ces mesures, les civils armés continuent de semer la pagaille créant ainsi une pénurie d’eau potable et de propane à Port-au-Prince.
L’eau potable se raréfie
Depuis l’éclatement de ces actes de violence, l’eau potable se fait de plus en plus rare dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. À Pétion-Ville, à Delmas et à la Croix-des-Bouquets, l’eau potable est de plus absente dans les foyers. La majorité des kiosques, où l’on distribuait habituellement de l’eau potable, restent fermés créant ainsi une vive inquiétude chez les habitants livrés à eux seuls.
Un reporter du journal Passion Info Plus a pu s’entretenir avec certains citoyens de la capitale haïtienne concernant cette pénurie d’eau potable. Certains d’entre eux ont dû parcourir plusieurs centaines de mètres pour pouvoir s’approvisionner. D’autres ont dû recourir à d’autres méthodes comme “l’eau bouillie” pour alimenter leur ménage.
Guito Eduard, Directeur Général de la DINEPA, révèle à l’émission Panel Magik de la radio Magik 9 ce jeudi matin, que “sur 24 forages dont dispose la Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissment (DINEPA) dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, seulement 4 sont en fonction”.
Selon le responsable, le problème de rationnement constaté à Port-au-Prince est dû à la violence des gangs armés dans des zones où se situent la majorité des forages. Il appelle les concernés à laisser un couloir d’humanité afin que les techniciens puissent accéder à ces sites.
En dépit du couvre-feu instauré en Haïti, les gangs armés poursuivent leur offensive contre des institutions et des sites stratégiques du pays. Barbecue, instigateur de ce mouvement armé, lors d’une rencontre avec la presse, le mardi 5 mars, annonce la tenue d’une “guerre civile” au cas où Ariel Henry ne démissionnerait pas. Entre-temps, le gouvernement et ses alliés misent sur la possible venue d’une mission multinationale en soutien à la police haïtienne pour contrecarrer les gangs qui contrôlent, désormais, presque toute la capitale haïtienne.
Wilder Sylvain
Port-au-Prince, Haïti. © Odelyn Joseph/AP