Des étudiant-e-s haitien-ne-s face à l’État dans sa production sociale de l’insécurité se demandent pourquoi cet État tue leur présent et leur avenir…
En Haiti chaque jour de plus, le nombre d’étudiant-e-s qui abandonnent leur études ne cessent d’augmenter sous le regard passif et complice de l’État.
Si l’insécurité, comme production sociale en Haiti, d’un coté est profitable politiquement et économiquement à un tout petit groupe des haïtiens et étrangers qui font leur plein entre la conservation du pouvoir, la vente illégale des armes à feu et les kidnapping sur la population : en ce sens, selon le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits Humains (CARDH), en 2021 Haïti, est le pays avec le taux d’enlèvements par habitant le plus élevé au monde, avec 949 cas d’enlèvements enregistrés jusqu’au 15 décembre 2021.
D’un autre coté, ce phénomène conduisant à l’hégémonie des gangs et à l’augmentation de la criminalité détruit la vie et le rêve de beaucoup d’haïtien-ne-s qui supportent encore la vie dans ce pays. Ici “nous mourrons… nous mourrons tous les plantes, les bêtes, Chrétiens vivants” nous vivons la prophétie de la Vieille Délira dans le Gouverneur de la Rosée.
Et parmi les victimes, se trouve la catégorie d’ étudiants-es. Cependant, on n’en parle pas assez d’eux dans une société où l’Etat ne protège pas ses étudiants-es. Car, l’étudiant haïtien n’a jamais été une priorité dans un pays priorisant le banditisme, les gangs armés et l’ignorance.
Dans cet article, la rédaction de Passion Info Plus met le projecteur sur quelques étudiants-es qui sont incapables d’avancer avec leurs études à cause de l’insécurité qui sévit le pays.
En effet, depuis le phénoméne d’insécurité se prolifère dans le pays avec la multiplication et dé-ré-localisation des gangs-armés sur tout le territoire haïtien conduisant au partage de la zone métropolitaine de Port-au-Prince par des puissants groups gangs armés, bien enracinés et sécurisés, beaucoup sont des étudiant-e-s qui sont dans l’impossibilité d’étudier comme ça droit.
Étudiant-e-s Sans Domicile Fixe( SDF)
À coté de nombreux cas d’abandons, les étudiants-es qui sont devenus-es SDF (Sans Domicile Fixe) depassent imaginable. Andrea, est étudiante en 2e année Science Juridique et habite à carrefour. Pour elle, l’insécurité est une barriere mettant les etudiants-e-s en captivité :
“Ce que je peux dire de l’insécurité, pour moi, c’est une barrière qui met, nous les étudiants, en captivité.”
Agressée plusieurs fois, elle a decidé de prendre une pause avec espoir qu’un jour le pays connaitra une amélioration et elle pourra continuer à etudier, car son objectif est de devenir docteure en Droit.
“Je ne peux pas abandonner et je ne peux pas non plus aller au cours parce que je suis sentie agressée. Je prends une pause avec espoir que ça va améliorer. Parce que mon rêve c’est d’avoir ma licence et mon doctorat”. Dit-elle
Elle n’est pas seule, c’est le cas de Jonas, étudiant à l’EUH, qui n’arrive pas à saisir l’insécurité en Haiti et qui a decidé de fermer son dossier; ou Angela, policière et étudiante en 4e année en Relations Internationales et Diplomatie à CEDI qui se trouve dans l’obligation de fermer son dossier. Pour elle l’insecurité en Haiti est le résultat de l’irrésponsabilité et de laisser-faire de l’Etat :
“C’est la tolérance et l’irresponsabilité de l’État qui nous traînent dans cette situation amère où la vie n’existe presque. Nous nous sommes obligés de tout abandonner. Nos habitudes, nos études parce qu’ici il n’y a que le souffre qui compte”.
Ce n’est pas tout. D’autres étudiants décident d’abandonner chez eux et d’autres activités qu’ils menaient avant pour venir dormir dans la cour des facultés dans des conditions infrahumaines. Car ces facultés n’ont pas de dortoir. C’est le cas de Junior qui abandone sa famille et sa maison à cause de Martissant.
“Je n’abandonne pas mes études. Mais je continue quand-même dans de mauvaises conditions. Nous dormons sur les bureaux, les chaises de la faculté par ce qu’il n’ya pas de dortoir. Donc aucune condition n’est réunie pour dormir à la faculté”
Evidemment cela décrit la situation de beaucoup d’étudiants qui attendent désesperement que l’Etat freine cette production de l’insécurité et garantit la sécurité de la population.
“L’insécurité généralisée que connaît actuellement le pays montre le niveau d’irresponsabilité des autorités qui ne jouent pas leur rôle, pour assurer la sécurité de la population. Ce qui nous permettrait de circuler librement” dit-il.
Au final, ce qui unit ces étudiants-es c’est la volonté de savoir et l’envie de se former pour l’avenir de ce pays. Mais quel avenir?
Comment L’Etat, détenteur de la violence légitime et de ses droits régaliens doit contrôler tout le territoire, s’il ne produit pas et ne vit pas de cette insécurité, puisse rester silencieux face aux abandons scolaires et études universitaires dans un pays au plein XXIe siècle ? Comment est-on arrive là avec le pays de Dessalines?