Bas-Artibonite : des planteurs contraints de partager leurs récoltes avec les gangs armés, retrace le GADH

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L’Artibonite s’éloigne progressivement de sa réputation agricole en raison de la prolifération des gangs armés. Selon un rapport du Groupe d’Action pour la Défense des Droits Humains (GADH) publié le 12 février 2023, des paisibles paysans transformés en chefs de gang deviennent des anges dela mort au profit de politiciens, hommes d’affaires et de la communauté internationale. Ces groupes armés blessent, kidnappent, tuent, violent et imposent des lois aux planteurs.


Dans ce document de douze pages intitulé “Vallée de l’Artibonite : du grenier du pays à la vallée de l’ombre et de la mort”, le GADH décrit un sombre tableau du département assiégé par plus d’une vingtaine de bandes criminelles très équipées. Elles transforment la région, créant des zones de non-droit qui entravent les activités liées à l’agriculture.

“Avec plus de 800 à 1000 membres actifs, hommes et femmes entre 18 à 30 ans majoritairement, équipés d’armes de grands calibres telles que des fusils d’assaut Galil, des T65, des fusils de guerre de type AR 15, AK-47, M1, M16, et des pistolets”, peut-on lire dans ce rapport, ajoutant que ces caïds possèdent aussi des poignards sophistiqués et d’autres armes blanches pour opérer.

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Et, ces armes, souligne le GADH, “proviennent des États-Unis et transitent d’abord par la Floride, où des membres de la diaspora haïtienne se chargent souvent de les cacher dans des conteneurs d’articles d’importation usuelle. Et les armes de poing, vendues moins de 500 $ légalement aux États-Unis, peuvent coûter 10 000 $ en Haïti”.


Selon ledit document, ces bandes armées, dont “Kokora San Ras” ou “Gran Grif, qui occupent et partagent l’Artbonite, entretiennent de bonnes relations avec d’autres gangs puissants de la capitale haïtienne notamment G-pèp, “5 second” de Izo, et celui des hommes de Talibans amenés par le nommé Jeff, opérant à Canaan, qui leur fournissent des armes et munitions ainsi que des hommes lors des affrontements. Aussi, ces groupes armés sont bel et bien “protégés par certains politiciens et hommes d’affaires du pays.” Voilà pourquoi, selon l’organisme des droits humains, qu’il est difficile de combattre les gangs armés dans la vallée.


Des cendres des cadavres abandonnés aux chiens et aux cochons, des filles et femmes violées, des décès par balles, des maisons brûlées, des zones abandonnées et devenues des déserts humains, des jardins, des terres agricoles abandonnés, des milliers déplacées internes, des écoles et hôpitaux fermés, des routes occupées, des kidnapping collectifs, des violences physiques à l’égard des victimes, tel est le constat amer du GADH qui souligne que ” l’Etat ne fait pratiquement rien pour combattre les activités des gangs. Tous les jours, on assiste à des scènes de violations des droits humains”, enregistrées dans ce département.

Les groupes les plus puissants

La vallée de l’Artibonite est en proie à de puissants groupes armés tendent à croître de manière progressive. Parmi eux, on compte “Baz Grand Grif de Lucson et Jonas situé à Savien (commune de Petite Rivière de l’Artibonite) ; le Gang de Nontwòp localisé à nan Palmiste ; Kokorat San Ras situé à la Croix Périsse (commune de l’Estère) ; Ti Grif localisé à Moreau Dwè (commune de Liancourt) ; le Gang de Raboteau situé à Raboteau (commune des Gonaïves); le Gang de Descahos et le Gang de Black situés à Tibwadòm ( Gros-Morne). Ces groupes, présentés par le GADH comme les plus puissants, “comptent plus de 5 à 7 cents membres et entretiennent des relations sérieuses avec des hommes politiques du pays.”


Selon ledit rapport, ces hommes armés ont pourchassé les habitants du Bourg de Petite Rivière, de Savien, de La croix Périsse, de Liancour, de Jean Denis, de Barrage, de Nan Palmiste, de Mogé, de Pontcanal, de Morau Pèy, Morau dwè, de Bwa Janno, de Pasbak, de Preval, de Lachikòt, de certains quartiers des Gonaïves, dont quartier tousab, nan Mele et de Tibwadòm. Et,”La plupart de ces zones sont des zones agricoles importantes” pour le pays, a indiqué le document.

Les calvaire des paysans planteurs

À cause de la violence répétée de ces bandes armées et des taxes qu’elles ont imposé aux planteurs, des terres agricoles, dont Platon, Dekouvè , Lagranchen , Labadi, Maren, Nan Rigo, Bwa jou, Bwa Lavil, Lakwa Peris, Preval, Tirivyè, Jwanis, Latchi, sont abandonnées par les paysans. Quant à ces zones, dont Mogé, Dit rejèt, Moro lyankou, Lachikòl, pasbak, elles sont totalement abandonnées.

Les caïds tuent, violent, kidnappent, incendient. Aussi, ils pillent les récoltes des planteurs, volent leurs bétails détruisent des canaux d’irrigation et leur imposent des taxes.


Selon le GADH, les gangs Grand Grif et le Gang Ti Grif, ont imposé aux planteurs une forte somme d’argent s’ils veulent continuer à planter. “À Ti Rivyè, Preval et Bwa Lavil, les planteurs avec 25 parts terres paient 60 000 gourdes pour pouvoir travailler ; ceux avec 10 à 15 parts paient 50 milles gourdes. Et les plus pauvres qui n’ont pas d’argent avant les récoltes partagent leurs récoltes avec le gang en chef ” et achètent parfois des rhums Barbancourt pour obtenir la pitié des gangs, a indiqué le document.


Le GADH soutient que ceux qui financent et équipent ces gangs sont leurs véritables commandants”, soulignant des anciens Youri Latortue, Profane Victor, dont leurs noms ont été épinglés dans le rapport des experts des Nations-Unies pour leurs liens avec les gangs Gran Grif et Raboteau. L’ancien sénateur Garcia Delva a été sanctionné par les États-Unis et le Canada pour les mêmes motifs. L’institution se demande comment expliquer que ce sont des anciens Sénateur et député du département qui créent et nourrissent les gangs armés pour terroriser la population.


Le Groupe d’Action pour la Défense des Droits Humains, ne croyant pas en l’efficacité de la force multinationale contre les bandes armées, recommande aux autorités judiciaires d’arrêter et de juger conformément à la loi tous les commandants et ceux qui tirent profit des activités criminelles. De plus, le GADH demande que la contribution de 1,50 $ provenant de la diaspora soit utilisée pour un accompagnement juste et équitable des déplacés. Il appelle également au renforcement du budget de l’académie de formation de la police afin d’améliorer la formation de plusieurs unités de la Police nationale d’Haïti.

Crédit photo : AyiboPost

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