On aura tout vu dans ce pays au passé glorieux. À l’ère du Conseil Présidentiel de Transition, en plus des nouveaux quartiers tombés aux mains des criminels, les gangs armés semblent s’être mieux organisés, notamment en ce qui concerne les activités ludiques dans les zones qu’ils contrôlent.
À Canaan, un vaste bidonville situé au nord de Port-au-Prince, les gangs ont fait la fête. Le chef de gang de ce quartier populaire Jeff Gwo Lwa a fait danser. Sur les réseaux sociaux, les criminels se sont fait filmer en pleine activité carnavalesque sous les yeux passifs des autorités publiques.
Ce n’est pas une histoire fictive. En Haïti, les criminels, qui massacrent la population civile, se livrent à l’organisation des activités qui étaient autrefois l’apanage de l’État. Cette nouvelle démonstration montre une fois de plus la “faiblesse” de l’État à remplir sa fonction régalienne.
L’État semble transférer son monopole aux gangs armés. Sans se soucier de la présence de la force multinationale, de la police et de l’armée haïtienne, plusieurs chefs de gangs se sont réunis à Canaan pour une activité carnavalesque au cours du weekend dernier.
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La mise à mort des institutions publiques en Haïti est tributaire de la mauvaise gouvernance chronique. Si la question sécuritaire reste une priorité pour les Haïtiens, par contre, pour ceux qui sont au pouvoir, ce n’est pas le cas. Les gangs armés continuent de défier l’autorité de l’État.
La question qu’il faut poser aujourd’hui face à l’insouciance des autorités. À Canaan, l’État haïtien a-t-il dansé le carnaval organisé par ces chefs de gangs avant de se rendre à Fort-Liberté ?