Qui disait que l’Oncle Sam est responsable de notre malheur. Dans une étude publiée ce vendredi 03 mars 2023, la plus grande instance internationale à travers l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a insinué que des armes à feu et des munitions de plus en plus sophistiquées et de gros calibre sont acheminées vers Haïti, frappée par la crise à grande échelle. Les Etats-Unis, positionnant toujours en bons sauveurs, sont en effet de sérieux livreurs.
Le commun des mortels sait que Haïti ne produit pas d’armes et de munitions. À la vue de tout le monde, la première République noire libre du monde est saccagée de manière accélérée depuis quelques temps suite aux multiples affrontements entre gangs armés. De 2021 au début de 2023, la capitale est quasiment occupée par des civils armés qui dictent leur loi comme bon leur semble. Et plusieurs villes de province se trouvent dans cette même galère.
Sur la provenance de ces armes qui ne cessent de transformer les rues d’Haïti en rigole de sang, l’étude de l’organisation onusienne démontre que la plupart des armes à feu et munitions en Haïti proviennent des États-Unis, et en particulier de Floride.
Les armes de poing vendues entre 400 et 500 dollars dans les points de vente légaux aux États-Unis peuvent être revendues jusqu’à 10 000 dollars en Haïti. Les fusils de plus grande puissance, comme les AK47, les AR15 et les fusils d’assaut Galil sont généralement plus demandés par les gangs, ce qui entraîne des prix plus élevés, lit-on dans le rapport d’étude. En plus, l’ONUDC révèle que des armes de calibres de plus en plus élevés, parfois des mitrailleuses lourdes, sont aujourd’hui importées illégalement.
Selon cette étude, les armes sont souvent achetées par des hommes de taille dans les États américains dotés de réglementations souples sur les armes à feu et sont ensuite transportées en Floride où un réseau complice, souvent composé de membres de la « diaspora haïtienne », se charge de les expédier à partir des ports du sud de l’Etat vers Haïti, cachés dans des conteneurs au milieu d’articles d’importation usuels. À l’arrivée dans les grandes plaques tournantes comme Port-de-Paix et Port-au-Prince, les cargaisons sont confiées à une multitude d’intermédiaires, indique-t-elle.
L’ONUDC ajoute que des armes à feu, des munitions et des pièces peuvent être importées légalement par les agences de sécurité publique et les sociétés de sécurité privées. Bien qu’Haïti soit soumis à un embargo américain, plusieurs amendements permettent l’exportation de certaines armes à feu et munitions aux forces de sécurité haïtiennes. En raison de la faiblesse de la surveillance et des contrôles, les armes et les munitions sont périodiquement détournées et remises en circulation sur les marchés civils par des policiers ou des employés de sécurité, précise ce rapport.
Haïti, un pays de transbordement pour les drogues
Cette étude de l’ONUDC a été baptisée « Haiti ‘s criminal markets: mapping trends in firearms and drug trafficking (Marchés criminels d’Haïti : cartographie des tendances en matière d’armes à feu et de trafic de drogue) ». Aussi, ce rapport révèle que Haïti reste un pays de transbordement pour les drogues, principalement la cocaïne et le cannabis qui entrent par bateau ou par avion dans les ports publics, privés et informels ainsi que par les nombreuses pistes clandestines.
« En fournissant une évaluation rapide du trafic illicite d’armes à feu et de drogue, cette étude de l’ONUDC cherche à faire la lumière sur les flux de trafic qui bénéficient aux gangs en Haïti et alimentent davantage de violence dans une situation volatile et désespérée, afin d’aider à éclairer les réponses et le soutien au peuple haïtien », a déclaré Angela Me, chef du Service de la recherche et de l’analyse des tendances de l’ONUDC.
L’étude confirme que la frontière haïtienne tant terrestre, aérien et maritime est délaissée. Ce qui met gravement à l’épreuve les capacités de la police nationale, des douanes, des patrouilles frontalières et des garde-côtes qui manquent de ressources et de personnel, et sont eux-mêmes la cible de gangs.
À ce fait, l’ONUDC note que le pays ne compte que 181 garde-côtes, et un seul navire en état de fonctionner. De plus, le manque d’effectifs de police est aggravé par leur mauvaise répartition géographique. La plupart des agents sont concentrés dans la capitale, Port-au-Prince, parce qu’ils exercent d’autres emplois, souvent dans la sécurité privée. Les postes-frontières ou les lieux connus comme des lieux de passage habituels des divers trafics sont particulièrement dégarnis. La corruption, l’intimidation permanente illustrée par le saccage de nombreux postes de douane, les départs en chaîne de dirigeants contribuent à affaiblir les forces de l’ordre haïtiennes.
Aujourd’hui, le schéma est clair. Ils ordonnent le processus d’armement et après, ils organisent de grandes réunions, enchaînent avec les pourparlers qui, selon eux, visant à rétablir et à maintenir la sécurité dans le pays. Tout cela a des coûts et ils planifient l’envoi des forces multinationales qui coûteront des millions. Les observateurs sensés peuvent, carrément, lire entre les lignes.