Le Premier ministre canadien Justin Trudeau proposera un plan d’urgence au président Biden pour former les policiers haïtiens à la place d’un déploiement d’une force étrangère sur le sol dessalinien. Selon les informations dont dispose le journal La Presse, M. Trudeau serait prêt à mettre sur la table 250 millions de dollars dans le cadre de ce plan.
Aucun pays au monde n’accepterait de patauger dans cette crise aiguë dans laquelle se trouve Haïti en proie à une insécurité démesurée.
Renforcer la gouvernance en Haïti, former des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) et améliorer leurs conditions salariales seraient les propositions du Premier ministre Trudeau, selon La Presse qui indique que les 250 millions de dollars devraient être la somme visant à exécuter ledit plan afin de pallier à cette situation chaotique.
Pour l’heure, le Canada a écarté la possibilité de prendre la tête d’une force multinationale composée de 4 000 soldats. De plus, les officiers supérieurs des Forces armées canadiennes (FAC) s’opposent au déploiement de soldats canadiens en Haïti, par crainte que ces derniers ne soient la cible d’attaques de la part des membres de gangs de rue. Ce qui pourrait, selon eux, en cas de riposte, faire des morts.
« Ils vont se faire tirer dessus ! Pensez-vous que ça va passer le test de l’opinion publique si, un matin, il y a trois policiers canadiens qui meurent dans une embuscade ? Le lendemain matin, on va demander de rapatrier les troupes au Canada », soutient, de son côté, Gilles Rivard, ancien ambassadeur du Canada à Port-au-Prince de 2008-2010.
Selon le diplomate canadien, “Ce qu’il faut, c’est renforcer la PNH. Ce n’est pas durable de payer le salaire des policiers haïtiens, sauf que si on n’a pas le choix de le faire pendant trois ans, il va peut-être falloir le faire. Ça prend des gens formés, équipés”.
Il croit, par ailleurs, que le président américain Joe Biden va tenter de persuader son homologue Justin Trudeau de prendre la tête de la mission pour permettre à ce que la sécurité soit rétablie en Haïti.
Malheureusement, « Haïti est en voie de devenir un État défaillant [en voie de déliquescence]. Cela crée une crise migratoire qui a des impacts aux États-Unis, mais aussi au Canada. Le risque est que le pays devienne très vulnérable au contrôle d’acteurs étrangers ou de pays étrangers. C’est donc un enjeu de sécurité dans notre propre hémisphère », a exposé, auprès de La Presse, une source gouvernementale qui a requis l’anonymat.
Toutefois, le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken affirme que l’envoi d’une force étrangère en Haïti est toujours sur la table de discussion aux Nations Unies.
Crédit photo : Sean Kilpatrick/The Canadian Press